Et ça n'a pas été une mince affaire, croyez-moi. Comme toujours, j'avais envie de ne dire à personne quand serait la date du prochain examen pour ne pas subir les conseils très inutiles et stressant des gens bien intentionnés de mon entourage qui pensent que c'est motivant quelqu'un qui vous saoule. Bien sûr, je n'ai pas pu faire comme bon me semblait vu que je devais encore des heures à l'auto-école, heures à payer avant l'examen sous peine de non présentation, tant pis pour ta gueule. Donc j'ai dû aller réclamer le petit rectangle signé de Maman qui m'a demandé bien sûr pourquoi c'était si urgent et à qui j'ai dû répondre vu que mentir à ma mère relève quasiment de l'exploit. Heureusement, elle s'est abstenu de tout commentaire, de tout conseil que, de toute façon, j'aurai fuit avec empressement vu qu'à chaque fois c'est les mêmes et qu'à chaque fois, ils ne font que me mettre davantage de pression. Bon, vous vous en doutez, ma mère est une maman comme les autres et même si elle a pas envie d'en donner, des conseils, bah elle essaye quand même. Le matin du mercredi, jour J donc, dans la salle de bain, j'attrape un élastique et je m'attache les cheveux vite fait. J'ai pleins de bosses, des mèches dans tous les sens. J'm'en fout, ça sera pire en arrivant à l'auto-école. Mais Maman qui passait par là m'a un peu grondée : « t'es mal coiffée, fait un effort, mets toutes les chances de ton côté ! » Oui Maman, non Maman, j'dois y aller, au revois Maman. Et vlan ! La porte. Et plouf ! La pluie. OUIN !!! C'est pas vrai, je suis maudite de chez maudite ou quoi ? Vous n'allez certainement pas me croire chers lecteurs mais dans toutes les heures de conduite que j'ai prise, jamais je n'ai conduit sous une pluie battante. Si, j'vous assure. J'ai eu la petite bruine qui ne mérite même pas qu'on mette les essuies-glaces, la chaussée mouillée par la grosse saucée que j'ai prise en allant à ma leçon mais pas de pluie battante pendant les leçons. Et là, ce jour-là précisément. Celui où il ne fallait pas qu'il pleuve. Bah il pleut à torrents. Bon, je prends le parapluie, maudit tout ce qui me passe par la tête en allant à l'auto-école, tente vainement de me rappeler les vitesses autorisées en temps de pluies dans les différents pièges du secteur où je passe l'examen. Rien n'y fait, il pleut toujours et moi je sombre de plus en plus dans une angoisse infâme malgré les cachetons homéopathiques et le super massage détendant que mon kiné m'a accordé la veille.
La monitrice arrive dans la voiture. Tient, parlons-en justement de la voiture ! Bien sûr, c'est trois semaines avant mon examen que les voitures de l'auto-école ont été changées. Donc au lieu de la pigeot de d'habitude, je dois me faire en vitesse à la citron 3. Évidemment, l'ouverture du capot n'est pas au même endroit, évidemment, y'a un tas de commandes que je ne connais pas et que ma monitrice ne connait pas plus que moi. Bon, elle voit que je panique un peu. Elle me propose de conduire pour aller au centre, histoire de me chauffer et de voir ce que ça donne sous les trombes d'eaux. Je prends donc le volant, angoisse un peu vu que les inspecteurs aiment pas trop voir les postulants arriver au volant de la voiture, comme si le moniteur n'était plus habilité à nous coacher le jour du permis. J'arrive, je me gare, rangement bataille en arrière, un peu raté, pourvu que l'inspecteur ne me demande pas ça ! Bon et là, on attend. La monitrice me rassure du mieux qu'elle peut. Et ça fonctionne à peu près, j'ai un très bon feeling avec elle. Elle a un manteau avec de la moumoute au bout des manches, porte-bonheur me dit-elle, je touche la moumoute, on ne sait jamais. De toute façon, je ne l'aurai pas ce permis. Je vais encore tomber sur un hystérique du volant et de la pédale, un angoissé du jeune conducteur, un maniaque du placement sur échangeur biscornu.
L'inspectrice arrive. C'est une femme, une petite jeune qu'à pas 35 ans et qu'est encore plus mal coiffée que moi (spéciale dédicace à Maman : « tu vois qu'ça servait à rien !!! ») Elle monte seule avec la monitrice dans la voiture, le deuxième candidat s'en va vers l'intérieur du centre d'examen où il fait plus chaud et moi, j'attends. Je monte ensuite dans la voiture, présente ma carte d'identité avec ma photo de mise en garde-à-vue sans la plaque à numéro dessus (heureusement, ce ne sera pas cette photo sur le vrai papier rose, ouf !) et tente d'écouter les consignes que je pourrais réciter par cœur tellement je les ai entendues. Un peu comme les gens qui prennent souvent l'avion. Je démarre, m'approche de la sortie du centre et prie pour qu'elle ne me dise pas « gauche et ensuite à gauche », là où je me suis plantée la première fois, sur l'échangeur alakon. Et ben dans l'mile Émile ! Gauche et gauche. Bon, no panique. Il y a un feu rouge juste avant, je vais pouvoir regarder bien les marquages au sol avant de me lancer. Le feu est bien rouge, je m'arrête et je regarde devant moi. Meeeeerdeuuuuu ! La chaussée est super bombée, on voit rien du marquage. Bon tant pis, à l'arrache. Tellement à l'arrache que j'ai failli pas tourné mais bon, lentement, sûrement, et ça passe. Ensuite autoroute et prière mentale « pourvu qu'il n'y ait personne, pourvu qu'il n'y ait personne ». Je sais, à 9h du matin, j'ai beaucoup d'espoir. Bah coup de bol monstrueux, à chaque fois que j'ai eu à m'inserrer, changer de voie, personne. Si, j'vous assure, l'autoroute vers Paris, vide, juste pour moi. A part un péquenot qui roulait à 70 que j'ai dépassé avec la peur au ventre vu que la citron 3 fait BIIIIIP quand on dépasse la vitesse autorisée.
Ensuite, petit parcours en agglomération peinard. Des endroits que je connaissais pas mais où je ne me suis même pas plantée, même sur le piège que l'inspectrice qui jacte du réveillon avec ma monitrice sans rien dire sur ma conduite a voulu me tendre. Une petite intersection, je m'arrête au stop. J'attends qu'elle me dise droite ou gauche quand j'avise à gauche un joli sens interdit. Donc j'attends pas la consigne et je vais à droite. Niqué le piège !!!
Elles arrêtent pas de parler, de leurs mecs, de leurs vies, j'ai l'impression de balader deux copines et le mieux, c'est que ma monitrice m'inclue dans la conversation, ce qui me permet de prouver que je peux conduire et discuter en même temps.
Arrive le temps des manœuvres. Pour commencer, marche arrière en ligne droite où j'ai eu le droit au seul commentaire de mon examen. Et pas un truc bien grave. Ensuite, créneau. Mais à gauche, s'il vous plait ! Alors hop hop hop, je tourne mon volant dans tous les sens, fait comme à chaque fois, bien mais pas du premier coup, sans pour autant ressortir de la place, comme une personne normale quoi. Et ben ce qui valait un B la dernière fois me vaut un A ce jour-là. Chic.
Les questions : « montrez-moi la carte grise » Sous ton siège madame, y'a pas de boîte à gants dans le citron. Ok. « Où est le réservoir du liquide lave-glace ? » Meeeerdeeuuuuuuu ! Faut ouvrir le capot ! Bon no panique, je cherche loin derrière le volant et ensuite je galère dehors par moins quinze pour trouver le loquet. L'inspectrice est gentille, elle me tient le capal pendant que je lui explique comment faire, et pourquoi que faut du liquide spécial hiver. On referme, on repart et on rentre. Pas par l'autoroute, alléluia ! Là, c'est du rond-point, de la route que je connais, pas de problème. Je descends après avoir dit au revoir et avise ma montre. J'ai conduit 30 minutes au lieu des 40 règlementaires.
Y'a plus qu'à attendre. Putain, bah c'est long deux jours ! J'avais oublié à quel point. Avec le capes, on se dit que non, obligé y'a des heures qui se font la malle tellement les jours passent vite mais là non. D'autant plus que rien n'a transpiré de l'inspectrice. La monitrice pense que c'est bon mais ne veut pas s'avancer, ça se comprend. J'ai fait envoyer le résultat chez Chou, comme d'habitude. Mais vendredi matin, jour de mon anniversaire, alors que je devais partir chez moi, toujours pas de facteur. Chou m'a apporté le saint-Graal à 21h. Positif le saint-Graal. Yes ! Bon, je savais déjà le résultat vu que ma sœur avait une heure de conduite et que les moniteurs avaient eu la réponse eux. Elle s'est alors empressée d'appeler ma mère, avant moi, juste pour que je sois la dernière au courant !
Alors à tout ceux qui m'ont encouragée, écoutée, soutenue, aidée, à Clo qui est venue un dimanche matin me faire faire des manœuvres en échange d'un petit dej', à Maman et Papa qu'on payé, à la monitrice qu'à fait preuve de patience extrême, à Guillaume qu'à été mettre un cierge pour moi à l'église le mercredi matin (c'est véridique) : MILLE MERCI et MILLE BISOUS !!!
Call me Penelope Joli-coeur, I'm motorised !
PS : j'emmerde tout ceux qui pensaient et qui pensent encore que je suis une catastrophe sur la route, très souvent ils ne sont pas franchement des modèles de conduite... Ils ne me gâcheront pas ma joie.