jeudi 26 juin 2008

Dictionnaire nabotesque

Il est trop fort ce Nabot. Non mais franchement. Je le pense sincèrement : il est trop fort.

Ce matin, j’allume ma télé sur la Matinale de Canal vu que c’est la seule émission potable du matin, un peu bobo mais sympa. En général, je calibre l’heure de mon petit déjeuner avec celle du zapping, histoire de me dérider. Ce matin, j’en ai eu mon compte. Tout d’abord avec la vidéo de la gauche à l’assemblée nationale d’hier, toute fière de la colle posée à un des sous-fifres du Trou-Fillon scandant tous ensemble « Dans l’cul ! Dans l’cul ! » avec une joie non dissimulée. Et ensuite, le discours de Nabot d’hier à propos de la pub à la télé qu’il en veut plus sur les chaînes privées mais moins sur le service public que je ne comprends pas trop pourquoi (en fait, je soupçonne une entourloupe sur une autre réforme, cachée derrière la polémique que celle de la pub à la télé suscite). Bref, juste un extrait de quoi ? 5 secondes ? A peine… Et bien tenez-vous, asseyez-vous, allongez-vous-même, notre séprident débile arrive à dire dans ce court lapse de temps et dans la même phrase « Je suis pour la démocratie » et « il y a un actionnaire majoritaire, c’est à lui et lui seul de nommer le président de France Télé ».
Alors oui, clairement au début tu rigoles. Parce que franchement, c’est pas très compatible comme pensées et pourtant elles émanent du même homme. M’est avis que Nabot a séché les cours d’histoire étant jeune et à donc loupé la notion de « démocratie » enseignée en 6e et en 2nde. Ouh le mauvais élève ! Et très probablement, il a oublié aussi de prendre l’option langue morte grec, qui aurait pu rattraper son ignorance par la traduction littérale du mot.
Ainsi, pour information, « démocratie » est formée à partir de la racine grecque « démos » le peuple et signifie « le pouvoir au peuple ». Alors quand on a éclairé la traduction du mot, on peut, je crois, se permettre de pouffer en entendant les 5 secondes de discours du zapping.
Mais Nabot, fort de ses 53% de couillons d’électeurs et négligeant le 47% de gens qui ont senti l’enculade arriver, est persuadé d’être la voix d’un peuple. Aussi, il peut se permettre de considérer qu’il peut décider tout seul de l’avenir de la France dans l’Europe par exemple, en approuvant le Traité de Lisbonne, pondu presque clandestinement et en menaçant de taper sur les doigts de ceux qui ne suivraient pas son avis. Ils sont cons quand même ces Irlandais ! Dans leur loi, il FAUT qu’ils approuvent le traité par référendum obligatoirement pour y adhérer. Ils sont vraiment démocrates !
Oui car pour Nabot, en fait, « démocratie » est synonyme de « connerie ». Voilà pourquoi il peut se permettre de dire dans la même phrase « je suis pour la démocratie » et « il y a un actionnaire majoritaire, c’est à lui et lui seul de nommer le président de France Télé ». Si l’on traduit avec le dictionnaire nabotesque (en édition très prochainement avec la prochaine réforme de la Constitution), cela donne : « Je suis pour la connerie, il y a un chef et c’est moi. Donc c’est moi qui décide tout et surtout n’importe quoi. Les questions et objections sont à poser à mes sinistres, qu’ils se démerdent, ils sont payés pour. »

Nous ne voyons pas d’autre explication ^^

lundi 23 juin 2008

Juste parce que j'aime

http://www.dailymotion.com/video/x22x1j_elodie-frege-renan-luce-bang-bang_music

C’est le bordel dans mon placard, vêtements expliquez-vous !

Je la maudis. Oui, sincèrement. Je la maudis de tout mon corps et de toute mon âme cette s… de directrice. En 2005, enfin titularisée animatrice diplômée, j’ai accepté au mois d’août une colonie avec des ados. A première vue, tout devait très bien se passer. J’avais pris contact avec la directrice qui m’avait répondu très poliment, promettant un séjour très sympathique.
Une fois arrivée sur place, j’ai été bien déçue. L’intrigante patronne avait magouillée pour avoir dans son équipe deux gars de ses amis, deux incompétents notoires n’ayant aucune pédagogie, fuyant les enfants handicapés que nous avions en charge, ne faisant rien pour aider les collègues. Un exemple : nous sommes deux accompagnants pour 20 ados sur un circuit de karting dont un handicapé (il nous manque donc une personne) et mon collègue trouve opportun d’aller téléphoner à un pote une demi-heure, me laissant gérer le bordel ambiant. La directrice arrive avec le déjeuner tout sourire et ne fait aucune remarque, si ce n’est que c’est un peu le bordel. Le lendemain, chose même. Mon collègue a terminé de passer ses coups de fil, je lui demande donc de garder un œil sur les mouflets pendant que bibi va aux toilettes deux minutes. La directrice arrive avec le déjeuner et m’attend à la sortie des toilettes pour me signifier mon erreur : je n’avais pas à laisser mon pauv’ collègue tout seul avec les 20 ados, même une minute, même pour me soulager.
Au bout de trois jours, une de mes collègues a démissionné sur demande de la même directrice, collègue qui n’a jamais été remplacée bien que nous ayons pas moins de trois handicapés mentaux sur le centre. La chef ne veut et ne doit pas faire de vagues d’après ce que j’ai compris. Voilà, je crois que vous pouvez, chers lecteurs, bien vous imprégner de la façon dont une colo sympa peut se transformer en véritable enfer. Grosso merdo, tout ce qui venait des animateurs non choisis par les bons soins de la chef n’était pas recevable. Par contre, les trucs les plus débiles étaient farpaitement approuvés pour ses animateurs chéris. En entretien de mi-session, lors de mon tête à tête avec elle, je ne suis quand même entendu dire que madame « fonctionne aux chakras » et que moi, elle ne me sent pas. Quinze jours. Il faut tenir quinze jours sans démissionner (sinon on est répudié des listes de l’organisme pour cette région).
Quinze jours de mal-être et environ 5 kilos. Voilà ce que j’ai rapporté de cette colo. Et depuis, ma silhouette et mon poids qui n’avaient jamais été un problème sont devenus une obsession. Parce que quand je suis rentrée, je ne pouvais faire autrement pour m’habiller que de mettre la seule jupe qui acceptait mon popotin. Moi qui mettais des baggies, je me trouvais serrée dans mes pantalons « à chier dedans » au point de ne plus supporter de les mettre. Je ne sortais plus de chez moi puisque je n’avais qu’une vieille jupe trouée en guise de bas. La rentrée venant et ma boulimie nerveuse continuant ses ravages sur mon organisme, j’ai dû aller acheter deux pantalons très vite pour ne pas me geler les cuisses sous la pluie de septembre. Je me pesais tous les matins, sans exception, guettant la moindre baisse de quelques grammes. Baisse compensée dès le lendemain bien entendu. Rien n’y faisait. J’en étais dégoûtée de manger.
Et puis au fil de l’année, noyant mon malaise dans le travail, oubliant parfois de manger à ma faim ou tout court, mais jamais en me mettant deux doigts immondes dans la bouche, j’ai perdu un peu. Mes pantalons baggies sont devenus des pantalons tout court mais l’horrible 6 qui commençait le chiffre de mon poids a fini par disparaître. Pourtant, je n’ai jamais retrouvé le poids initial, celui qui m’allait bien. J’ai dû m’habituer à mes rondeurs.
Mais habituer est un verbe qui ne me convient pas. Ma silhouette d’aujourd’hui ne me plait toujours pas. Depuis deux ans, j’ai cessé de me peser. Complètement. J’ai bien une idée du poids que je peux faire grâce aux habits que je peux porter en les comparants à l’époque où je les ai achetés. Avant ou après la maudite colo, avant ou après le régime qui n’en était pas un. Je sais bien que toutes les femmes se trouvent grosses et moches. Je ne fais plus exception à la règle depuis cette colo maudite.
Cependant, il y a un truc que je ne comprends pas en ce moment. D’après ce que je vois de moi dans le miroir, je n’ai jamais été aussi grosse. J’ai l’impression d’avoir atteint le même poids que lors de mon retour de colonie 2005. Et pourtant, je rentre dans des habits de taille à peu près raisonnables selon moi achetés après la période de jeûne inconscient. Mais pas dans tous. Curieusement, ceux que j’avais achetés au printemps 2006 me boudinent alors que ceux de l’été me vont parfaitement. Et je n’étais pas plus mince au printemps. Alors vraiment, je ne comprends plus rien. C’est quoi ce bordel ?

jeudi 19 juin 2008

Deux solutions…

Soit ils le font exprès, soit il y a une case optionnelle qui n’a pas été cochée lors de leur élaboration. La deuxième solution est plausible. Après tout, personne n’est parfait et surtout pas eux. Alors si l’on envisage la première, pour quelle raison font-ils les niais ? Hypothèse numéro un, et seule explication valable à mon sens : ils savent que cela rend jalouses les femmes (et surtout moi) donc ils font les petits garçons innocents qui ignorent totalement ce que ce genre de détail peut signifier.
Ok, j’explique.
Comme tous les mois, j’ai reçu par mail il y a peu de temps les noms de ceux qui ont mis à jour leurs fiches sur potodécole (bon d’accord c’est pas ça le vrai titre du site mais comme tout le monde le connaît, tout le monde a compris) Comme je suis un peu curieuse du devenir des gens que j’ai pu connaître ou croisé, j’en consulte quelques unes, seulement celles où les noms me disent quelque chose. Dans la liste, il y avait le nom d’une fille que j’ai vaguement croisée à cause qu’elle était aussi amenée à être présente à mes galas de danse. Gentille la fille, pour le peu que j’ai eu à la fréquenter. Aux dernières nouvelles, elle venait de rompre ses fiançailles (de se séparer en somme vu que pour la plupart des gens, le mot « fiancer » ne signifie plus rien à part s’attacher l’un à l’autre avec pour objectif lointain de se marier dans un avenir pas proche du tout) de rompre ses fiançailles donc avec un copain d’enfance à moi. J’ai donc cliqué sur son nom par curiosité. Sur les fiches, maintenant, on peut voir tout de suite ce que la personne a modifié. Ca évite de tout lire ou relire. Et elle, elle avait changé son état « en relation avec quelqu’un » en « célibataire ». Jusque là, rien de choquant. Mais en regardant ce qu’elle avait changé d’autre, je remarque le détail qui tue. Le détail que n’importe quelle fille digne de ce nom ne peut pas louper tellement c’est gros comme une maison quand on tombe dessus. La demoiselle avait modifié son métier. Elle n’était plus simple « vendeuse » mais « vendeuse en lingerie » Et pan ! Langage féminin « on » : cherche mec. Et non contente de ce changement subtil de vocabulaire, elle ajoute « mannequin cabine ». Et vlan ! On ajoute « vite » à la demande implicite.
Je ne critique en rien les choix de cette fille quand à se présenter sur sa fiche. Chacun a bien le droit de faire comme il lui plait. Si ça se trouve, c’est même totalement involontaire et elle ne s’est même pas rendu compte de l’appel au copain potentiel lancé. Ceci dit, ça m’a amusé de constater cela.
J’en ai fait part à Chou, annonçant la chose comme drôle (au sens d’intriguant) et racontant ce fait, sans en dévoiler mon avis sur les modifications de cette fiche, j’ai vu le visage de Chou rester impassible voire vide de toute compréhension. « Et ? » m’a-t-il demandé. Et l’on en revient à l’introduction de mon post.
Soit ils le font exprès, soit il y a une case optionnelle qui n’a pas été cochée lors de leur élaboration.
Soit il a farpaitement compris la manœuvre dragueuse de la fille et il n’a pas envie de que sache qu’il a pigé parce qu’il sait que ça va me rendre jalouse et plus méfiante dans la mesure où cela signifie qu’il a réussi à trouver un décodeur rapide au langage de fille (arme absolue du mec qui à l’image de Mel Gibson dans Qu’est-ce qu’elles veulent les gonzesses peut ainsi faire de n’importe quelle femme ce qu’il veut selon ma théorie personnelle). Soit il n’a au contraire pas du tout capté le sous-entendu féminin de la modification et il a vraiment cette tête-là quand il ne comprend pas.
J’aime bien la deuxième solution ^^

lundi 16 juin 2008

La loi des séries

J’y crois pas. J’vous jure, il faut vivre avec moi pour croire tout ce qui peut être conté ici à propos de mes malheurs en série. Voyagez rien qu’un week-end avec moi et vous saurez ce qu’est ma vie au quotidien : une série de petites contrariétés qui finissent pas entamer mon moral pourtant blindé à toute épreuve à force de déceptions. On croit qu’on peut s’habituer à la poisse, mais c’est faux. Avec les années, ca en devient même de plus en plus rageant. On finit par ne plus vouloir sortir de chez soi pour ne pas risquer la moindre petite chose qui feraient éclater votre colère contre vous-ne-savez-même-pas-qui tellement cela semble injuste que cela tombe toujours sur vous. Et c’est mon cas. Sauf que moi, j’ai Chou pour rendre n’importe quoi bien meilleur que l’ordinaire.
Samedi, comme nous en avions décidé ainsi, Chou et moi nous levons de bonne heure et de bonne humeur afin de nous rendre promptement à Provins pour profiter de la foire médiévale. Avant de partir, nous regardons l’itinéraire sur Internet et nous observons un peu les prévisions : pas de bouchons, un seul radar. Ok. Nous sautons dans la voiture où nous avons chargé nos affaires : un sac a dos contenant un pull pour Chou et une veste en velours pour moi et le parapluie orange fluo dont Chou est si fier. Il l’adore même je dirai. D’abord parce qu’il est orange fluo, sa couleur fétiche (autant vous dire que où qu’on aille, je ne le perds jamais ^^) et puis aussi parce qu’à chaque fois qu’il se trimballe avec, il ne pleut pas. C’est un peu notre garantie d’une journée agréable et sèche. Nous roulons donc à allure respectueuse des limitations parce qu’il y a un peu de monde sur la route. Bah oui, on est samedi, tout le monde va manger chez Mémé. Donc dans les voitures pleines de mômes qui font des tronches de cockers aux fenêtres, mp3 sur les oreilles pour les distraire de la misère qui les attend, on peut voir la plante verte qui ornera la table de Mémé Odette et le fraisier Carrouf que madame a choisi pour le dessert. Chou et moi discutons gaiement pendant le trajet. Un ralentissement qui se transforme en long bouchon très chiant arrive. Bon, y’en a qui seront en retard chez Mémé Odette, faute d’accident. Tant pis pour eux, ils n’auront pas droit à l’apéro. Sauf que bon, au bout d’un quart d’heure, on se dit que l’accident est plus grave qu’on ne le pensait. Le ralentissement est tel qu’on commence à penser qu’il y a des Mémé Odette qui vont pas mal pleurer. Et puis on aperçoit les gyrophares des voitures de secours… Sur la voie d’en face ! Bordel de merde !!! Y’a strictement rien sur notre chemin, si ce n’est une bande de cons curieux qui tentent de distraire les mioches en disant "regardez les enfants l’accident !" GRRRRRRRR !!! Pauv’ cons !
Arrivés dans la ville, nous trouvons un ciel radieux, un soleil tapant, adouci par une petit brise fort agréable. Nous garons la voiture dans le parking le plus proche de la ville, sans encombres (miracle !) et nous ouvrons le coffre, indécis sur les choses à prendre et à laisser. La petite brise étant quand même fraiche et connaissant le climat du pays, je propose à Chou de prendre quand même le sac à dos avec les manteaux, ne serait-ce que pour la fin d’après-midi qui risque de se rafraîchir. Chou approuve mais refuse de prendre son parapluie, le ciel est sans nuage et le soleil magnifique.
Arrivés dans la place, on a bien les crocs parce que dans l’excitation d’aller se promener en amoureux, on n’en a oublié de déjeuner le matin. On fait un tour dans le début de la foire en regardant les échopes mais aucun sandwich à consonance médiévale ne trouve grâce à nos yeux. Aussi, Chou propose de s’arrêter dans un restaurant, un vrai, qui propose des menus pas chers à l’occasion de la foire. Aussitôt dit, aussitôt fait, nous nous asseyons en terrasse d’un resto sympa où les serveurs se sont costumés pour l’occasion. Nous commandons le menu tout con et patientons. Et là… PLOUF ! La saucée du siècle nous tombe sur la tronche. Au loin, nous voyons le beau ciel clair mais c’est comme si le gros nuage noir tout moche était pile au dessus de nos tête. Heureusement, nous étions en terrasse mais sous un auvent de toile qui nous aurait bien abrités si on n’avait pas été placés au bord. Perso, j’ai le bras droit trempé et je ne peux pas m’adosser à ma chaise dont le dossier est sous l’eau. Quant à Chou, il a la manche gauche trempée. Malgré tout, on se serre avec les voisins qui compatissent et les serveurs font leur maximum pour braver l’orage et nous apporter nos plats, chauds et pas mouillés, s’aidant de plateaux comme parapluie. Sous cette pluie diluvienne, la patronne est atterrée, elle essaye d’aider ses clients en les abritant sous un parapluie qu’elle tient mais en fait, l’eau coule tellement fort de son parapluie qu’elle arrose les salades fraîches et les clients plus qu’autre chose. Et les clients qu’elle voulait aider, c’était nous, bien entendu. L’addition arrive et le calme revient. De nouveau le soleil nous fait risette. Faux-cul !
Avec Chou, nous déambulons à travers la foire, riant de tout, bien amoureux et contents d’être là. Après tout, autant en rire, ça fait des souvenirs tout ça. Des rhumes aussi… Bref, nous trouvons Brume près d’une tente et papotons un peu avec elle, puis mon cousin au détour de la grande place. Tout nous amuse. Et même si on est venus avec un pit-bull au porte monnaie pour ne pas dépenser trop, on se dit qu’on reviendra en ayant un peu plus d’économies la prochaine fois. Après des heures de marche, de "oh !" et de "ah !" devant les étales de marchandises en tout genre, nous décidons de rentrer car nous devons nous rendre chez des amis le soir même. C’est ce moment qu’à choisi le petit frère du nuage tout noir pour pointer le bout de son nez et nous pisser dessus. Franchement, elles sont nazes les blagues des nuages ! On se serre l’un contre l’autre sous mon petit parapluie de fortune pliable pour rejoindre la voiture, mais on s’en fout parce qu’on a passé une bonne journée et qu’on est amoureux.
Le trajet retour se fait en un temps record. Il n’y a personne sur la route et en plus, le soleil est de nouveau au rendez-vous. Et le soir venu, nous contons notre journée à nos amis qui ont bien ri de nos malheurs humides, se vantant de n’avoir pas vu un nuage de toute la journée et jurant, et c’est tant pis pour eux, de ne jamais au grand jamais voyager avec moi !

mardi 10 juin 2008

La stratégie de l’échec

Ne rêvez pas, je suis comme les grands cuisiniers, je ne donne jamais mes recettes. Et celle-ci encore moins que les autres. Parce qu’après tout, pourquoi toujours vouloir réussir. C’est tellement désuet ! Regardez l’équipe de France de foot hier, ils ont bien réussi dans cette optique…
Bref, pourquoi suis-je une pro de la stratégie de l’échec ? J’avoue ne pas le savoir moi-même. Peut-être suis-je une fille perdue à l’instar des garçons perdus qui peuplent le Pays Imaginaire. Ceux-là ne veulent pas grandir. Peut-être est-ce inconsciemment mon cas. Je dis bien inconsciemment parce que consciemment, je vous rassure j’ai envie d’évoluer et surtout de ne pas régresser. Oui mais voilà, y’a un truc qui cloche. Alors je me dis que peut-être que ce n’est pas mon inconscient qui travail pour moi mais une poisse tenace qui s’accroche à mes baskets avec un plaisir sournois. Notez bien : l’an dernier, j’ai raté l’admissibilité au capes d’un demi-point et j’ai perdu mon grand-père. Déjà ça c’est pas mal. Cette année, qui devait être la bonne, c’est pire : j’ai raté largement l’agrégation (mais en y allant les mains dans les poches donc ça, je m’y attendais et c’est pas très grave en soi), raté encore l’admissibilité au capes pour trois points (c’est rageant, je sais), ai subit un vol avec agression en allant à la fac (je savais bien que c’était dangereux de traîner dans des endroits pareils !) et pour couronner la série, je me suis faite recalée du permis de conduire la semaine dernière. Le tout en un mois s’il vous plait !
Pour information le permis est une vaste blague, très injuste pour ceux qui ne vivent pas à la campagne. Et il l’est encore moins quand on s’appelle Ziboux. Jugez plutôt.
Il y a quatre ans, je tentais pour la première fois l’obtention du fameux papier rose à la photo très drôle quand on la regarde quelques années après. J’étais préparée à le passer sur un centre d’examen où on m’avait (comme à tous les élèves) fait repérer tous les pièges plusieurs fois. Tout devait bien se passer. Sauf que la veille du jour fatidique, le directeur de l’auto-école m’appelle pour me faire prendre deux heures en catastrophe : l’examen aura lieu sur un autre centre où je n’ai jamais conduit. Evidemment, c’est tombé sur moi et bien entendu, on ne m’a pas accordé le graal.
Qu’à cela ne tienne, quatre mois plus tard, me revoilà présentée. Le 1er avril (et c’était pas de la rigolade !). Tout devait très bien se passer selon le moniteur. Oui mais voilà, ce jour-là très précisément, c’était le bordel sur le centre d’examen pour cause de jour de marché. Ce passage-là était vraiment une bonne farce parce qu’à peine installée au volant, j’ai vu de mes propres yeux l’examinateur cocher la case « recalée » sur le papier jaune. Inutile de dire dans quel état d’esprit on tourne la clé de contact après cela.
Dégoutée à mort par ce système qui n’accepte aucune ristourne que la voie préétablie auto-école charlatan/examen pipé, je laisse quatre ans passer pour effacer ma peine. Après tout, j’habite dans un pays civilisé où la voiture n’est pas indispensable pour avoir une vie sociale.
Pleine de bonne intention, persuadée d’être plus forte que jamais, je suis allée confiante me réinscrire en juillet dernier. Le code se passe sans problème, quant à l’obtention d’une date d’examen pratique, vous connaissez déjà toute l’histoire. Jeudi dernier donc, je me suis présentée pour la troisième fois de ma vie devant une inspectrice qui subissait très probablement l’attaque de l’armée rouge pour la semaine, je ne vois que ça comme explication. En deux minutes, j’ai été recalée une fois de plus pour une faute que je n’allais pas commettre : une priorité à droite dont j’avais vu la voiture arriver au loin et dont j’avais entamé le freinage quand l’inspectrice a jugé utile d’appuyer plus fort que moi sur les pédales (j’ai eu le temps de dire trois fois Y avant que la voiture ne passe devant moi, comme quoi sa notion de l’urgence et de la mienne étaient sensiblement différentes). Elle a mis les pieds sur une commande, c’est terminé d’office mais j’ai encore une demi-heure à tirer de mon calvaire. Evidemment, j’ai eu le droit à la zone en travaux, à tous les cons du quartier qui me collaient au cul, faisant fi du panneau « auto-école » sur le toit de mon véhicule et devinez le plus beau… La zone du marché. Oui m’sieur-dame, encore ! La zone du marché où les inspecteurs ne t’emmènent jamais selon le moniteur (réponse donnée le matin même), peuplée de tous les suicidaires de la ville traversant n’importe où et n’importe quand. Mais les piétons, ce n’est pas ce qui m’a posé problème. Non. J’ai commencé à voir rouge quand dans une minuscule rue à sens unique, l’inspectrice m’a demandé de faire un créneau. Manœuvre au passage que je n’avais jamais ratée en leçon mais qui là, vu la largeur de la rue, relevait de l’exploit et que compte tenu de mon état nerveux proche de l’explosion nucléaire, j’ai ratée. Je la soupçonne d’avoir fait exprès de me donner une manœuvre dans cette rue la sachant difficile afin d’avoir une raison définitive pour me recaler (la priorité à droite ne devait pas lui convenir). Là, pas de doute, c’est cuit de chez cuit. Mais vint la question qui tue, celle à laquelle je ne m’attendais absolument pas. En guise de vérification extérieure, l’inspectrice m’a demandé sur un ton très sec : « Faites-moi voir l’état du pare-brise. » J’ai beau tourner la question dans ma tête, revoir mentalement les pages du code sur les vérifications techniques, rien ne me vient sur une manipulation extérieure concernant l’état du pare-brise. Vraiment énervée, la blondasse me repose sa question : « faites-moi voir l’état du pare-brise ! » Dans un sursaut de culot, j’ose lui avouer que je ne comprends pas sa question, ce à quoi elle répond par la même phrase que celle qu’elle a dit précédemment : « l’état du pare-brise !!! » Il est là, je le vois devant moi mais je ne comprends pas plus. Elle insiste et par bonheur donne les précisions que j’attendais : « il est propre, il y a des impacts ? » Ah ! Mais c’est bien sûr, vérification technique extérieure mais aucune manipulation à faire ! Suis-je bête. Je réponds tout bien comme il faut et poliment (même si j’ai fortement envie de lui montrer l’état du pare-brise d’un peu plus près) ce qui me vaut tout de même un B dans la notation, pour n’avoir pas compris tout de suite sa question !
J’avais pas envie de raconter ce énième échec qui maintient ma vie en mode « stand by » mais à tout bien réfléchir, il vaut mieux l’écrire parce que dans trois semaines, je me rends à une méga réunion de famille. Réunion où personne n’oubliera de me poser cette question qui va me fâcher immanquablement. Alors puisque certains lisent ce blog, je les invite à faire circuler par téléphone arabe familiale la nouvelle : oui je suis toujours étudiante, toujours piétonne et j’emmerde quiconque trouvera bon de me juger. D'ailleurs au passage, je ne répondrai lors de cette sauterie à aucune question concernant mes échecs de l'année. Je n’accepterai aucune remarque désobligeante sur ma situation tanguesque dans la mesure où ceux qui en feront (et je sais très bien à quoi m’attendre) ont des enfants où ont eux-mêmes passé le permis dans un bled appelé Ploubec-lès-deux-Menhirs, peuplé d’un troquet et trois mobylettes où il n’y a pas de marché et où la route hors-agglomération se résume à une nationale dépourvue d’usagers limitée à 70km/h. Oui je suis fâchée. Fâchée contre moi-même mais aussi contre ces personnes qui considèrent les piétons comme des êtres incapables (pour ne pas dire cons) et qui de fait me mettent une pression dont ils n’ont pas conscience.
De toute façon je suis maudite avec les roues, je le sais depuis longtemps. J’ai bien réussi l’impossible : faire dérailler un vélo d’appartement !

dimanche 1 juin 2008

Lune de fiel

Je ne comprends pas. Non vraiment. J’ai beau lire, écouter les arguments des uns et des autres, je ne comprends toujours pas.
Cette semaine, la justice a tranché : le mariage est annulé. Cela n’a jamais existé à ses yeux. C’est comme si les deux époux n’avaient jamais dépensé des sommes folles pour contenter amis et famille le temps d’une journée et montrer leurs sentiments l’un envers l’autre devant les lois républicaine et religieuse.
Je comprends que des associations, des politiciens, des journalistes, des hommes de robe d’insurgent contre le fait que la justice française, laïque par définition, appuie une loi religieuse. Mais n’est-ce pas de l’intolérance de critiquer cela. Après tout, le texte de loi n’a rien de religieux et la décision du juge est parfaitement valable. C’est bête, mais c’est la loi. Même si cette décision de justice ressemble à ce qui se fait dans des pays où nous considérons que les droits de l’homme et surtout ceux de la femme ne sont pas respectés à la différence près que la jugée coupable ne sera pas lapidée par une foule avide de punir celles qui fautent. Et encore. N’est-ce pas lapider cette pauvre femme que de faire enfler la polémique autour de ce mariage amer de quelques heures ? Elle est coupable c’est vrai. Coupable de mensonge, de trahison ; non seulement envers son fiancé, mais aussi envers sa famille, sa belle-famille et sa communauté. Elle a reconnu sa faute, n’a pas protesté la décision de son époux.
Ce qui est contestable, c’est la façon dont la séparation s’est faite. Ce qui est insupportable, c’est la curée autour de la question, où tout se mélange. Chacun en profite pour montrer du doigt ce qu’il considère comme une injustice. Comme si la parité virginale au jour des noces était une chose que l’on peut ancrer dans les mœurs alors qu’elle n’a jamais existé. Aucune société, aucune religion n’a jamais exigé la preuve que l’époux était encore puceau lors de sa nuit de noces que je sache. Pourquoi demander à ce que cela se fasse aujourd’hui ? Et la virginité des femmes au mariage est une tradition archaïque ? Peut-être, mais une tradition que certaines acceptent encore. Alors bien sûr, ces femmes entretiennent un système dont elles sont les premières victimes. D’abord en mentant sur leur intégrité morale pour trouver un homme qui veuille bien d’elles. Ensuite en se laissant culpabiliser par les leurs afin qu’elles acceptent la nullité de leur union ; parce qu’après tout, c’est de leur faute si elles ont menti. Elles deviennent ainsi de simples marchandises pour ces hommes. Un objet que l’on acquière et puis que l’on rend au magasin parce qu’il a un défaut qui le rend inutilisable.
La question que je me pose, c’est comment aujourd’hui peut-on juger qu’une femme est pure ou non quand elle se présente à sa nuit de noces. Parce que soyons lucides, le corps nous joue parfois de bien vilains tours. Le sang me direz-vous… Moi qui vous parle, je n’en ai pas vu une goutte. Et je ne suis probablement pas la seule. Les raisons sont multiples : pratique de sports susceptibles de déformer l’hymen, utilisation de protections hygiéniques, hasard de l’anatomie et j’en passe. Bien peu malin est donc celui qui peut se targuer d’affirmer que sa femme n’était pas vierge uniquement parce qu’aucune trace n’entache le drap immaculé de son lit.
Par contre, ce que je ne comprends vraiment pas, c’est que personne n’ai avancé la raison la plus simple du mensonge de cette femme : l’amour. Je pense qu’elle a menti seulement pour garder auprès d’elle un fiancé qu’elle aimait au point de cacher à tous sa situation pour ne pas le perdre. Puisque pour lui et les siens, ce détail était capital. Curieuse façon que d’aimer, mentir, mais au combien compréhensible. Et puis le moment venu, elle a été franche. Alors puisque l’adage le dit, mensonge avoué peut-il être au moins à moitié pardonné ? Il semble que non. Son mari n’a pas compris son geste. A-t-il seulement essayé d’ailleurs ? Je ne la juge pas. J’essaye de comprendre. Elle a menti par amour, par peur aussi et puis a avoué. Pour moi c’est une forme de preuve d’amour. Difficile à avaler pour lui, certes. Mais une preuve quand même, qu’elle l’aimait au point de tout tenter pour le garder à vie à ses côtés. Aussi, elle pouvait espérer qu’il essayerait de la comprendre, de parler. On prône tellement l’importance de la communication pour le couple dans notre société. Elle pouvait espéré qu’ayant avoué son forfait, s’étant excusée, expliquée calmement, il pourrait faire preuve d’autant d’amour qu’elle et de compréhension surtout. Elle pouvait imaginer qu’ils garderaient pour eux ce secret et qu’avec un peu de temps, fort de l’amour qu’il disait lui porter, il pardonnerait. Il ravalerait sa fierté, ses principes. Pour elle. C’était légitime.
Et ce que je comprends encore moins que le reste, c’est l’argument de l’avocat de cet époux bafoué, affirmant que son client dit ne pas pouvoir construire une histoire solide avec cette femme parce qu’elle est fondée sur un mensonge. Il me semble qu’aujourd’hui, on ne commence pas à bâtir une histoire d’amour le jour de son mariage, mais bien avant. Le jour où les premiers regards se croisent sûrement…