lundi 8 décembre 2008

Petit avant goût

Bon, beaucoup de gens le savent, je n'écris pas que sur ce blog. Non, j'écris aussi sur mon ordintasoeur et accessoirement sur mes feuilles de cours. Donc, comme j'ai envie de bloguer mais que je sais pas sur quoi écrire, je vous offre, en avant-première, un petit extrait de mon roman en cours d'écriture, la suite d'avant celui d'avant (enfin j'me comprends !)
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Paul ignorait s’il aimait Louise comme Jean aimait Emilie. Il ignorait d’ailleurs ce que pouvait vraiment entendre le verbe aimer. En cela, il admirait son cadet, qui avait percé ce mystère bien avant lui. Mais il n’avait jamais osé l’interroger pour trouver ses propres réponses.
Louise avait ce charme indéniable qu’ont les jeunes filles de seize ans, cette façon de séduire sans vraiment le vouloir. La fille du docteur Martin avait des cheveux d’un noir profond et des yeux clairs pétillants. De sa peau brune respirait les origines espagnoles de sa mère. Oui, on pouvait dire de Louise qu’elle était jolie. C’était d’ailleurs exactement ce que Paul disait d’elle : « Louise est jolie ». Oui mais voilà, pour que Paul ait la certitude d’être amoureux, cela ne suffisait pas.
Il aimait passer du temps avec elle et en même temps se sentait mal à l’aise quand elle s’asseyait un peu trop près de lui à son goût. Non pas qu’il soit un garçon prude. Ce n’était pas la fille qui le gênait mais Louise. Juste Louise. Il avait l’impression de ne pas être à sa place près d’elle et pourtant, il pensait toujours à elle quand elle n’était pas à ses côtés. Il avait mis sa gêne sur le compte de la position sociale du père de la jeune fille, bien plus élevée que celle de son propre père mais au fond de lui, il savait bien que ce n’était pas seulement cela. Sa condition, il aurait pu la passer outre. Le docteur Martin n’avait pas vraiment le choix parmi les jeunes hommes du village. Il n’y avait ni notaire ni avocat et l’instituteur était une institutrice, célibataire et sans enfants. Au manoir des De Sampéry, il n’y avait pas plus de jeunes hommes. S’il avait voulu un prétendant à la hauteur de sa condition, il aurait dû prospecter à Bordeaux. Il pouvait encore le faire pensait souvent Paul, à seize ans, rien n’était joué pour sa fille. Mais le médecin n’avait jamais émis de critique vis-à-vis de lui. Il avait mis en garde sa fille contre la malveillance masculine et les risques qu’elle comportait en utilisant des mots savants et les planches anatomiques de ses livres. Louise avait compris, promis de se souvenir toujours de cette leçon. Cela avait suffit à le rassurer. De toute façon, Paul n’avait jamais tenté rien de plus qu’un baiser. Baiser que Louise lui avait accordé volontiers. C’était à la dernière fête de clôture des vendanges, dans la cour de la ferme où vivait la famille Mélliès. Pour Paul, ce baiser était un joli souvenir.
Louise arrivait à la croix de fer forgé, au croisement des routes qui menaient au village, à Bordeaux et à la ferme des Mélliès. Paul l’attendait. Elle l’avait vu de loin, perché sur le socle de pierre, accroché au symbole, regardant au loin les vignes du Domaine. Son cœur avait chaviré, comme à chaque fois qu’elle l’apercevait. Depuis toute petite, il avait cet effet sur elle. Longtemps elle avait cru qu’elle se faisait des idées, qu’il ne la regarderait jamais. Il fallait dire qu’il n’avait pas été très gentil la seule année où elle avait été scolarisée à l’école communale. Il avait alors neuf ans et s’était comporté en parfait chenapan considérant la gente féminine de son âge comme la plus sotte et la moins intéressante du monde. Comme tous les garçons de l’école. Elle se souvenait des encriers renversés « par mégarde » sur sa blouse et ses devoirs, de ses exercices effacés de son ardoise. Paul n’était pas l’auteur unique de ces bêtises. Il avait aussi ses propres farces. A l’époque, son jeu préféré lorsqu’il pleuvait était de courir près d’elle et de sauter à pieds joints dans les flaques pour éclabousser ses bas de laine. Mais Louise ne lui en avait jamais tenu rigueur. L’amour qu’elle éprouvait pour lui avait ceci de magique qu’il effaçait ces méchancetés. L’année suivante, le docteur Martin avait placé ses enfants dans les écoles privées de la région : Louise chez les sœurs de Sainte-Marguerite où la rejoindrait bientôt Blanche et Marcel chez les frères dominicains. Vivant toujours au village, les ponts entre Louise et Paul n’avaient pas été coupés. Le jour de ses quinze ans, elle s’était promis de séduire ce garçon. Toutes les occasions étaient devenues bonnes pour être à ses côtés : les fêtes, les marchés, les visites médicales de son père aux Mélliès et même la messe dominicale. Un peu réticent au début, Paul avait fini par la fréquenter régulièrement. Après tout, il avait changé d’avis sur les filles. Et Louise était jolie. Enfin, tous les efforts de Louise avaient été récompensés le soir où il l’avait embrassé. De ce baiser mouillé, elle gardait le souvenir d’un vide se créant sous ses pieds, d’une colonie de grenouilles sautant en tous sens dans son ventre. Louise y voyait la promesse d’un avenir heureux.
Paul se tourna vers le chemin en entendant grincer le vélo de Louise. Il connaissait bien ce grincement, à chaque fois qu’il l’entendait, il se promettait d’y mettre un peu d’huile. Mais il ne le faisait jamais. De son perchoir, il regarda le visage de la jeune fille, fin, régulier. Il s’attarda sur ces lèvres charnues qui l’avaient tant attiré le soir de la fête des vendanges. Il ne savait plus très bien pourquoi il avait embrassé cette bouche ce soir-là. Peut-être parce que c’était évident que cela devait arriver. Peut-être parce qu’il avait senti que Louise en avait très envie. Il sauta au bas de la croix et elle envoya valser le vélo, se jeta dans ses bras, piquant au passage un baiser au creux de son cou. Elle resta ainsi un instant puis lui attrapa la main et l’emmena s’asseoir dans l’herbe, face à la vue qu’il contemplait quelques minutes avant.
- tu m’as entendue venir ?
- A des kilomètres ! Pouffa-t-il.
- Pourquoi te moques-tu ?
- Comment est-ce que tu peux croire que tu peux venir discrètement alors que ton vélo couine comme ce n’est pas permis ?
Louise prit une mine vexée.
- Allons bon, si ça te vas, on n’a qu’à dire que je ne t’ai presque pas entendue.
Louise rétorqua encore plus vexée :
- Ce n’est pas la vérité.
- Peu importe la vérité si ça te fait plaisir !
Elle planta son regard dans le sien
- Comment peux-tu jouer la comédie ainsi ? Ca ne te fait rien ? Tu n’a pas de remords ?
- Ce n’est qu’un vélo. Est-ce si important que cela ?
- Nous dire la vérité ? Oui.
- Bon alors je crois que t’ai même entendue partir de chez toi tellement elle grince cette vieille bécane !
- Non ! Là tu exagères !
S’exclama-t-elle en poussant son épaule. Ils rirent ensemble, chahutant un peu. Elle passa une main dans ses cheveux pour les ébouriffer. Il voulu en faire de même. Elle essaya de le contrer. Une fois calmés, Louise posa sa tête sur l’épaule de Paul.
- Il faudra toujours que l’on se dise la vérité.
- Oui. Tu l’as déjà dit que c’était important.
Elle leva la tête pour le regarder à nouveau dans les yeux
- Je t’aime Paul, c’est la vérité.
A cela, Paul ne répondit que par un baiser.
PS : ne réclamez pas la suite, j'ai pas quatre bras et trois cerv...cerveaux oui (une cervelle, des cerveaux ^^) et j'ai surtout un capes a réussir ^^

6 commentaires:

Fufu a dit…

La suite, la suite !!
J'aime toujours autant ton style, j'ai hâte de pouvoir lire l'intégrale :)

Une fille qui se prend pour la fée clochette a dit…

j'avoue que tu m'as bien mis l'eau à la bouche :) depeche toi d'avoir ton capes ok?;)

Brume a dit…

La suiiiiiiiiiite!

3 Petites Notes de Musique... a dit…

comme clo!!!

Une fille qui se prend pour la fée clochette a dit…

nan mais les gens ils lisent les trucs en petits caracteres?

Ziboux a dit…

Non, je ne crois pas... Ils se font d'ailleurs souvent avoir à cause de ce manquement.
C'est peut-être pour ça qu'ils ont voté Nabot, c'était écrit en fonction de sa taille sur son programme !