jeudi 17 avril 2008

Ecoeurée…

C’est horrible. Je ne voulais pas faire de ce blog un espace pour geindre ou pour afficher indécemment les détails de ma vie, photos à l’appui comme les minettes de 14 piges sur skaï et pourtant, c’est bel et bien l’impression que j’en ai quand je me relis. En même temps, je me dis que mes problèmes du moment peuvent parler à un certain nombre de personnes, les faire réagir parce qu’ils le vivent ou l’on vécu, idem pour les choses qui m’indignent.

Je suis écoeurée. Je trouve pas d’autre mot.

J’ai l’impression d’avoir regardé pendant des heures un énorme gatal beau comme un dimanche ensoleillé. Un truc qui fait saliver à mort mais qu’on hésite à toucher tellement c’est beau. Un truc dont l’énonciation du nom sonne tellement doux à l’oreille qu’on en frémit d’avance. On se dit que ce sera unique, merveilleux. Ce nom promet un avenir meilleur, différent, rien que de par le fait d’avoir goûté à ce délice. J’ai l’impression que par sympathie, on m’a accordé le droit d’en manger une miette. Une toute petite miette de rien du tout. Et puis après la miette, la cuillère à café, si ridiculement minuscule qu’on ne comprend même pas qu’on puisse avoir inventé un couvert pareil. Alors on est passé à la petite cuillère, la vraie, celle du tiroir du milieu, celle qu’est rangée horizontalement contrairement à tous les autres membres de la famille des outils de table qui sont verticalement allongés dans le tiroir. Mais la générosité ne s’est pas arrêtée là. Après il y a eu la cuillère à soupe et la louche. Bref, le gatal, je l’ai dévoré en me disant qu’une fois fini, tout serai bien mieux. Le problème c’est que le gatal ne diminue pas. Jamais. Il est toujours parfait, crémeux, intact. Et plus je le regarde, plus les promesses qu’il me faisait s’éloignent. Et je suis écoeurée. Je n’ai plus envie de manger cette chose. Et pourtant je le dois.

Voilà. Le permis de conduire c’est ça. Exactement ça. Une chose qu’on vous fait miroiter comme la clé de la liberté. Le problème c’est que les auto-écoles en font un gatal écoeurant.
On est client d’une auto-école. Et pourtant, force est de constater que ce n’est certainement pas un commerce comme les autres. Ni une école comme les autres d’ailleurs. A l’auto-école, vous êtes client donc vous payez (la peau du luc) une formation et le droit de passage à un examen qui vous délivrera le sésame tant espéré. En toute logique, comme vous êtes client, vous avez le fin mot sur la formation. Sauf qu’en fait non. Point du tout. Car point ne faut se fâcher avec le directeur et sa sous-fifre de secrétaire, ils détiennent un moyen perfide de te mettre à genoux. Comment les empêcher de ne pas faire barrage à sa présentation à l’examen théorique et pratique, voire si on a été très très méchant avec eux aux leçons de conduite ? Bah il n’y a aucun moyen. Ils ont toujours l’excuse, l’argument imparable (et accessoirement invérifiable par toi et tes petits moyens de pieton-lecteur lambda) pour te faire comprendre que :
1) ils sont uniques décisionnaires de ta destinée, quelles que soit tes exigences, tes motivations et tes problèmes personnels.
2) Ils font strictement ce qu’ils veulent avec leur gestion de la boutique et que toi, petit piéton tu n’as certainement pas ton mot à dire.
Non. Toi, client, ton seul devoir est de t’astreindre à gober toutes les couleuvres que l’on te fera avaler à l’entonnoir, de venir aux leçons, histoire de justifier les salaires des moniteurs, et surtout, signer le petit rectangle détachable de ton carnet de chèque. Au dessus et au préalable bien entendu, toi, client, tu auras écrit en lettres et en chiffres un montant exorbitant comparé à la prestation (mais toujours très justifié, le prix de l’or noir à la pompe aidant providentiellement), ce qui te vaudras une ponction immédiate d’une partie du capital que tu avais économisé avec soin. Et c’est écoeuré que tu regardes la facture, ton relevé de compte bancaire et ton agenda, désespérément vide d’une date que tu attends, négocie et que pour laquelle tu travailles depuis des mois.
Plus le temps passe, plus tu as l’impression d’être la vache à lait que l’on trait régulièrement pour obtenir la substance de ce gatal immonde. Et en plus tu apprends, le temps passant, que d’autres qui ont commencé après toi on eu le sésame à peine 60 jours après le passage de l’examen théorique, qu’ils n’ont pas dû attendre un mois avant de commencer les leçons de conduite, qu’ils n’ont jamais eu de problèmes pour obtenir deux heures de leçon d’affilée afin d’aller sur les parcours d’examens, qu’ils n’ont jamais non plus dû céder une de leurs heures à un élève en passe d’obtenir le sésame. Et toi, toi pauv' con que tu es, tu as fait tout ça. Tu as certainement été l’élève le plus docile, le plus cool et le moins râleur que le monde aie porté. Et pourtant, toi, tu n’as toujours rien. Rien ne se profile. Le gatal est là, il te regarde, t’invite irrépressiblement à manger encore un peu, un peu plus. Parce qu’il le faut. Tu n’as pas le choix si tu veux le sésame. Oui mais voilà, le gatal, il n’est plus si beau, plus si bon. Et tu te demandes sincèrement si tu as encore envie de savoir ce qu’il offre de si merveilleux.
Ecoeurée j’vous dit…

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