dimanche 9 décembre 2007

Sinistre à la dérive

Ce matin, dans ma salle de bain (du moins les cinq petites minutes où j'ai pû y accéder), j'entends à la radio que la ministre des droits de l'homme, Rama Yade, va se faire tirer les oreilles dans la journée pour avoir osé dire tout haut ce que tout le monde chuchotte et ce qu'elle se devait de dire surtout. Le sujet de la discorde gouvernementale porte sur la visite officielle du colonel-président, qui plante sa tente de bédouin pour cinq jours en plein coeur de notre belle capitale accompagné de son harem de garde rapprochée. La "jeune ministre" (ainsi que la qualifient tous les médias, comme si sa jeunesse excusait sa boulette) lance à son patron que "La France n'est pas qu'une balance commerciale et qu'elle devrait un peu plus militer pour les droits de l'homme au lieu de chercher à faire du fric" (je simplifie le discours). Et là, la demoiselle vide son sac : "Et pourquoi que j'ai pas eu le droit d'aller en Chine avec Nabot, son fils et sa môman, moi d'abord ?!"
Alors comme ça, à brûle-pourpoint je dirai que c'est parce que tu fais partie d'une "minorité visible" et que, si c'est très bien vu en politique intérieure française, ce n'est pas du plus bel effet sur la scène politique internationale. En gros ma belle, tu fais super bien sur la photo de classe de l'Elysée parce que tu es noire, jeune, jolie et que tout cela s'accorde au féminin, parité obligeant, mais que pour les voyages officiels hors-Afrique, ça le fait pas trop.
Rama Yade a pourtant raison de s'insurger aujourd'hui sur l'arrivée de ce chef d'état, accueilli avec tous les honneurs et satisfait dans ses moindres caprices. Je dirai même que c'est de son devoir de reprocher au Nabot sa politique exterieur en ce jour précis du 10 décembre, qui n'est autre que la journée officielle des droits de l'homme et où la réception d'un dictateur qui exerce depuis 1969 parait totalement incongrue. C'est sa journée après tout.
Cela dit, la même sinistre est allée serrer la main dudit dictateur il y a quelques mois dans le cadre de la visite du président consécutive à la libération des infirmières bulgares. Elle a donc la mémoire courte ou alors elle serre la pince à n'importe qui.
Moralité, elle a le droit de se faire remettre en place par Nabot lui-même, puisque Trou-Fillon se promène en Argentine, rendant hommage aux deux bonnes soeurs mortes depuis 30 ans, elles aussi des crimes d'un dictateur (si si, lâcher une femme d'un avion sans parachute, c'est un crime !) En fait c'est un peu comme Guy Mocquet et quand on voit ça, on se dit que le gouvernement s'occupe plus des morts que des vivants en France. Rama Yade au final, c'est comme une marée noire (sans mauvais jeu de mots raciste) : on la montre bien dans les journaux quand ça arrive, ensuite on la cache pour pas se faire engueuler par la communauté internationale et la faire oublier quand on en parle trop, et puis finalement on la remontre pour prouver qu'on à bien gérer la situation. Pour la sinistre : il s'agissait de la montrer à outrance lors de la formation du gouvernement, de la cacher et de la faire taire quand elle dénonce à juste titre et puis de la montrer penaude après s'être fait taper sur les doigts à l'Elysée.
Et dans tout ce fouilli diplomatique installé par Nabot lui-même, grâce à une poignée de main qui pourrait devenir aussi célèbre que celle de Montoire, notre nain préféré se prend à "former un rêve, celui qu'Ingrid Bétancourt passe noël auprès des siens". Voilà donc qu'il se prend pour Martin Luther King ; lui, le président qui a créé le ministre de l'identité nationale... Le chemin va être long jusqu'en 2012 !

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