jeudi 22 novembre 2007

L’élève modèle

Voilà maintenant trois mois que les cours ont repris. Trois mois où l’espoir fou d’avoir un jour ce ****** de concours m’a réattaquée. Il m’obsède. Je le veux. Je l’aurai. Je rêve même de l’avoir avec les honneurs parce que ça justifierait mon travail, mon obstination, mes années à ne regarder que cet objectif final, le seul qui soit vraiment fixe dans mon avenir. Je dis le concours mais en vrai c’est les concours. Un des deux suffirait amplement à me rendre heureuse. Vraiment heureuse. Parce que ce petit bout de rien planqué dans une page Internet de résultats, parmi la réussite de tant d’autres (toujours moins nombreux tout de même, ne l’oublions pas) me permettrait de voir plus loin, ailleurs. Un des deux, n’importe lequel, je le prends. Et croyez-moi, ça fait trois mois que je ne pense qu’à ça. Au point d’en oublier beaucoup de choses qui sont pourtant essentielles à mes yeux. J’oublie d’appeler mes copines, je me trouve moins disponible pour elles, leurs soucis, leurs peurs, leurs bonheurs. Ce n’est pas l’envie qui me manque, c’est le temps. Ce traître de temps qui file à une vitesse vertigineuse et qui pourtant parait si long. Les mois de mars et avril semblent loin et pourtant, je sais qu’ils vont arriver trop vite, que je ne me sentirai pas prête le jour J. Mais comme j’ai toujours été une petite fille disciplinée, je ferai quand même l’effort de composer. Même si je suis crevée, que le sujet ne me dit rien du tout, que je sais que ce que j’écris sur ma copie ne vaut pas plus du 2/20 que l’on voudra bien m’accorder, j’écrirai.
J’ai toujours été une élève moyenne, lambda, sans problèmes. Je n’ai jamais pris d’heure de colle ou de punition personnelle, rien que du collectif. Je n’ai jamais séché de cours avant d’arriver à la fac non plus. Mes bulletins ont tous la même appréciation : élève discrète qui fait des efforts, encouragements. Elève discrète, tellement que je n’ai pas marqué mes professeurs. Pas invisible non plus car j’ai toujours su me faire entendre quand il le fallait. Mais tout de même, une élève passe partout qui culpabilisait de ne pas avoir fait correctement son devoir ou de ne pas avoir assez appris ma leçon.
Et pourtant, aujourd’hui l’élève modèle sature. Il y a un gros ras-le-bol qui règne dans sa chambre depuis deux jours. Sa chambre dont le bureau croule sur les dvd qu’elle aimerait regarder mais auxquels elle ne cède pas, de peur de culpabiliser et de perdre un point sur la copie du concours à chaque minute perdue devant ces niaiseries qui ne lui serviront pas le jour J. D’ailleurs, y’en a pas que sur le bureau, le dvd-enregistreur de Papa en est plein. La moquette de sa chambre, elle n’en connaît plus la couleur. Elle est cachée sous les piles de feuilles, de polycopiés, de classeurs, de cartes et de schémas, de fiches et de livres. Et quand ce n’est pas du matériel scolaire, ce sont les vêtements pourtant bien lavés et repassés qui traînent pliés par terre, en attendant que l’élève trouve le temps et le courage de les ranger dans son placard. Derrière le bureau, elle a aussi caché de nombreuses activités manuelles qu’elle aime tant et qu’elle ne fera que bien plus tard, quand elle culpabilisera moins de délaisser ses livres. Et ses copines ? Elle attendra son anniversaire dans un mois pour les voir… si elles sont libres.
Vous allez dire que j’exagère, que je n’ai pas tant que ça la tête dans le guidon (paradoxale comme expression en parlant de moi vu que je ne sais pas faire de vélo !) Sachez que mes seuls divertissements de la semaine sont mon heure de salsa hebdomadaire, le Destin de Lisa (si je ne suis pas en cours), les quelques films que je m’accorde pour me détendre le soir dans le salon familial avec ma maman et le temps passé avec Chou (sachant qu’on bosse aussi quand on est tout les deux). Et ce blog. Je n’arrive que rarement à continuer mon nouveau roman, qui demande une bonne documentation sur laquelle je n’ai pas le temps de me pencher. Je me suis mise à la broderie et mon ouvrage, logé sur mon imprimante, attend patiemment que je reprenne le fil de mon travail. Je sors le week-end, c’est vrai, le soir souvent, parce que la journée, je dors pour récupérer de ma semaine et je travaille.
Ca fait plus d’un mois que je ne suis pas allée au ciné, alors que le Cœur des hommes 2 est sorti et que j’ai une furieuse envie d’aller le voir, alors que Disney a sorti "Bienvenu chez les Robinson" et qu’ "Il était une fois" est en avant-première dimanche dans mon ciné habituel. Je n’ai même pas terminé de lire le dernier Harry Potter que j’ai pourtant depuis le premier week-end de sa sortie ! (Le premier qui dévoile quoi que ce soit, je le zigouille !!! ) J’en suis à peine à la moitié. Moi qui lit super vite, je suis devenue d’une lenteur affligeante. Je travaille, je fais mon élève modèle et je n’ai parfois même plus la force de lire le soir avant de me coucher.
Vous voulez que je vous dise ? Depuis hier l’élève modèle est tombée malade. Elle est atteinte d’une forte flémagite aigue. Ca ne fait pas mal, bien au contraire. Elle écoute Bénabar à donf en brodant, elle lit Harry Potter à raison de trois ou quatre chapitres dans la journée, elle regarde la télé, des dvd, elle prend le temps d’écrire, de peaufiner son « cadeau immatériel » qu’elle a offert hier soir à son chéri et qui prendra effet la semaine prochaine (une soirée en amoureux dans Paris avec resto et places pour aller voir Cabaret aux Folies Bergères pour les curieux qui se poseraient la question ^^ -note pour Chou : tu as oublié ton enveloppe tête de linotte !- ) Et le meilleur dans tout ça, c’est qu’elle ne culpabilise même pas. Je viens d’apprendre que le capes blanc d’histoire grecque de demain est annulé, que les sujets étaient à tirer au secrétariat de la fac avant 17h aujourd’hui (il est 17h05 quand je l’apprend) que les secrétaires ont appelé les gens pour le leur dire (pas moi évidemment) et ben je m’en cogne complètement ! L’élève d’il y a deux jours aurait hurler à la mort sur tout le monde, maudit les secrétaires de ne pas avoir leurs fiches à jour… Et ben celle de maintenant s’en fout comme de sa première chaussette !
Bon, j’irai quand même engueuler ces feignasses demain à la première heure, ne vous en faites pas. Et en plus, je me remets à travailler… lundi… promis.

3 commentaires:

3 Petites Notes de Musique... a dit…

je sais ce que tu veux dire. C'est tout pareil de ce côté. La salsa en moins.
Y'a des moments ou on pète un plomb, faut faire une pause, dela broderie ou n'importe quoi sinon on devient fou!
Bon courage,concours toujous, on les aura!:)
eve

Une fille qui se prend pour la fée clochette a dit…

Et si tout simplement tu essayais de ne pas tomber dans les extremes ? Il me semblait que tu tenais un bon equilibre mais apparemment tu as besoin d'un peu plus de temps pour te vider la tete :)
Pour tes copines/ami(e)s comme elles t'aiment et sont des vraies et bonnes amies et bien elles ne se plaignent pas, te comprennent et te soutiennent(et seront là pour ton anniv' et vont te répondre sur msn dès qu'elles auront finis ce message.. oui je suis plusieurs et alors? )

Anonyme a dit…

Il faut de temps à autre décompresser pour mieux reprendre. C'est comme le 3 fois 500 mètres que je fais avec le lycée sous la pluie... Hop on court on pense à plus rien d'autres, on est un "winner", passer la ligne d'arrivé on savoure les 10 minutes de pause pour reprendre son souffle, la fatigue s'atténue à la 5 minutes et on se prépare à la 8eme pour le deuxieme tour et hop on recommence.
En cours c'est un peu pareil ;-)
(superbe comparaison mdr)

Courage Ziboux!