Les étudiants, les cheminots, les buralistes, les électriciens et gaziers, les profs, ces dernières semaines, je crois que toutes les familles de France ont eu un de leur membre dans les rues, banderoles à la main pour manifester son mécontentement. Et je les comprends. Jusque là, je me suis abstenue de toute remarque sur les mouvements sociaux. Je n’ai pas rappelé que Nabot, élu certes par 53% des votants (et non des Français !) n’est de toute évidence pas le président « de tous les Français » comme il l’a proclamé le soir de son avènement. Je ne me suis pas non plus plainte de patienter comme tout le monde sur les quais de gare, de négocier mon passage par-dessus les mikado de chaises/tables/palettes des militants étudiants. Mais là, après avoir entendu une heure une connasse représentant Liberté Chérie raconter n’importe quoi dans un débat, je pousse un gros coup de gueule contre l’utilisation inopportune de mots pour qualifier les derniers jours de l’Ile de France (pour les provinces, comme Cyan l’a souligné, c’est une autre paire de manches).
Ca commence à bien faire de voir des micro-trottoirs montrant des gens déclamant des phrases toutes faites reprises à tire-larigot par les journalistes à mauvais escient. Le premier de ces mots ? GALERE. J’ouvre mon dico : 1/ navire long et bas sur l’eau, allant ordinairement à rames et quelques fois à voiles, dont l’origine remonte à l’Antiquité et qui fut utilisé jusqu’au XVIII°s comme bâtiment de guerre, notamment en Méditerranée. 2/ au pluriel, désigne la peine de ceux qui étaient condamnés à ramer sur les galères. Certes, le mot est entré comme expression dans le langage courant pour désigner une situation pénible. Mais les gens qui l’utilisent aujourd’hui pour parler des problèmes de transports ont, je pense très sincèrement, oublié à quel point ramer dans une galère pouvait être un travail pénible, au point d’en devenir un labeur d’esclave et pire, une condamnation. Mais ça, encore ça peut se supporter. Moi, la nouvelle expression in qui me met en rogne, c’est "prise d’otage" pour parler des usagers privés de transports en commun. J’aimerai voir les gens qui se disent prisonniers du système grève être vraiment pris en otage dans leur propre banque, chez eux, n’importe où. La SNCF ne les prend pas en otage. Il n’y a rien de menaçant pour les gens qui attendent sur les quais. J’imagine que être pris en otage pour de vrai, ça ne fait pas le même effet du tout. On tremble de peur, on craint pour sa vie, on pense à sa famille qui doit piquer des crises d’hystérie parce que eux aussi ont peur pour nous. Alors voilà, arrêtons d’utiliser des mots si forts qui n’ont strictement rien à voir avec la grève, qui sont très inappropriés, parce que la langue française meurt avec des petites erreurs comme celles-ci !
Y’a toujours l’excuse du « Oui mais l’Etat il va pas bien du tout, il est en faillite, faut redresser la situation, tout le monde doit faire des efforts » Quoi qu’il en soit, l’Etat en faillite a quand même octroyé 140% d’augmentation à son Nabot et des avantages fiscaux aux plus riches. On est toujours en démocratie ? Nabot est toujours le président de tous les Français ? Non parce que quand vient l’heure des manifs, il se tire juste avec les patrons en Chine et laisse ses sinistres régler la chose. Ah il était là pour les pêcheurs (qui au passage, j’adore l’anecdote, l’attendaient avec une banderole "Qu’est-ce que t’y connais au problème des pêcheurs, t’as même pas su garder ta morue !") mais dès qu’on s’attaque à une masse beaucoup plus coriace et nombreuse, y’a plus que Trou-Fillon !
Je note aussi que les gens qui râlent le plus des problèmes de transports sont très souvent ceux qui bossent dans le privé, qui croient l’image véhiculée des fonctionnaires-qu’ils-sont-des-boulets-pour-la-société-ces-grosses-feignasses, qui pensent que c’est super cool de conduire un train ou de bosser au rythme des enfants (sans prendre en compte le travail annexe, le fait de se lever à 3h du matin pour faire son Paris-Bordeaux de 7h, de ne pas dormir chez soi 3 nuits par semaines et d’être appelé les jours fériés pour la panne de secteur, le tout en se faisant traiter de bon-à-rien). Ce sont des gens la plupart du temps jaloux de la situation des fonctionnaires, qui ne mesurent pas la difficultés de leur travail, qui ne voient que les avantages qu’ils n’ont pas. Ce sont des gens qui n’ont la plupart du temps jamais mis les pieds dans une manif, qui ne font rien quand le gouvernement prend des décisions qui leur enlève le peu d’avantages qu’ils ont, qui ne bougent pas un orteil pour améliorer leur situation. Et bien qui se tait consent ! Et si les cheminots ne consentent pas, c’est tout à leur honneur.
Par ailleurs, ceux qui sont contre la grève disent souvent « ouais mais d’abord, y’a d’autres moyens de se faire entendre que de faire une grève non-surprise qui fait chier tout le monde » Franchement, citez-moi un seul moyen efficace de se faire entendre autre que celui-là. Un seul ! Il n’y en a pas, et c’est le droit de tout salarié de faire la grève. « Oui mais les gens du service public gnagnagna… » Non, y’a pas de "mais" qui tienne ! Les fonctionnaires sont des salariés comme les autres. La grève, c’est arrêter toute l’activité économique de l’entreprise pour faire chier le patron, qu’il perde de l’argent et entende vraiment les revendications (quand je dis "entendre" je parle d’une vraie écoute avec un vrai dialogue, pas un pauvre naze à une table qui négocie avec des boules quiès dans les oreilles !). La SNCF/RATP ont un moyen extraordinaire de pression grâce à la grève. Ca a le mérite d’arrêter temporairement la quasi-totalité de l’économie française, de foutre vraiment dans la merde son patron : l’Etat. Dommage que les usagers en pâtissent, mais les vendeurs d’électroménager et de lingerie pâtissent aussi des grèves des usines dans ces domaines et personne ne les plaint. Une grève ne fait jamais plaisir à personne mais c’est efficace. Soyons honnêtes, faire grève quand on est cheminot, c’est montrer un mécontentement des salariés et créer de surcroît la colère des usagers devant un Etat complètement sourd voire absent ! C’est tout bénéf’ et ils ont raison de le faire, même si ça fait suer certains. Moi je fonctionne sur le principe suivant (que pas mal de monde utilise je pense) : Quand on te donne, tu prends ; quand on te prend, tu cris !
Aspirante fonctionnaire, fille de fonctionnaire, j’en entends de belles depuis des années sur cette catégorie de travailleurs. « Ils ne foutent rien. EDF=enfant de feignants. A la poste, ils terminent à 18h, à 15h ils sont chez eux. Les profs ne travaillent que 10h par semaines, ce sont des bons à rien qui n’ont pas su faire autre chose de leur vie. A la RATP/SNCF, ils jouent au mikado, le premier qui bouge a perdu » Et j’en passe. Que de déconsidération pour ces gens qui éduquent vos enfants, vous relient à d’autres personnes, se décarcassent de jour comme de nuit pour que vous ayez du chauffage et de la lumière, se lèvent à point d’heure, travaillent nuit et jour, dimanche et jours fériés pour notre bien à tous. On donne une mauvaise image du service public, on l’insulte en continue depuis des années. Il n’a jamais rien dit. Et quand il est réellement bafoué par un gouvernement qui croit à ces idioties, il devrait encore fermer sa gueule ? On est encore en démocratie là ? Je crois que la plus belle remarque d’ignorance du genre que j’ai pu entendre c’est « Ouais de toute façon à l’EDF vous pouvez vous permettre de faire grève, vous êtes toujours payés » Alors là on atteint des summums de conneries. Parce que si on est toujours payés quand on fait la grève chez les fonctionnaires, pourquoi est-ce qu’ils se font chier à reprendre le boulot ces cons ?
Ca commence à bien faire de voir des micro-trottoirs montrant des gens déclamant des phrases toutes faites reprises à tire-larigot par les journalistes à mauvais escient. Le premier de ces mots ? GALERE. J’ouvre mon dico : 1/ navire long et bas sur l’eau, allant ordinairement à rames et quelques fois à voiles, dont l’origine remonte à l’Antiquité et qui fut utilisé jusqu’au XVIII°s comme bâtiment de guerre, notamment en Méditerranée. 2/ au pluriel, désigne la peine de ceux qui étaient condamnés à ramer sur les galères. Certes, le mot est entré comme expression dans le langage courant pour désigner une situation pénible. Mais les gens qui l’utilisent aujourd’hui pour parler des problèmes de transports ont, je pense très sincèrement, oublié à quel point ramer dans une galère pouvait être un travail pénible, au point d’en devenir un labeur d’esclave et pire, une condamnation. Mais ça, encore ça peut se supporter. Moi, la nouvelle expression in qui me met en rogne, c’est "prise d’otage" pour parler des usagers privés de transports en commun. J’aimerai voir les gens qui se disent prisonniers du système grève être vraiment pris en otage dans leur propre banque, chez eux, n’importe où. La SNCF ne les prend pas en otage. Il n’y a rien de menaçant pour les gens qui attendent sur les quais. J’imagine que être pris en otage pour de vrai, ça ne fait pas le même effet du tout. On tremble de peur, on craint pour sa vie, on pense à sa famille qui doit piquer des crises d’hystérie parce que eux aussi ont peur pour nous. Alors voilà, arrêtons d’utiliser des mots si forts qui n’ont strictement rien à voir avec la grève, qui sont très inappropriés, parce que la langue française meurt avec des petites erreurs comme celles-ci !
Y’a toujours l’excuse du « Oui mais l’Etat il va pas bien du tout, il est en faillite, faut redresser la situation, tout le monde doit faire des efforts » Quoi qu’il en soit, l’Etat en faillite a quand même octroyé 140% d’augmentation à son Nabot et des avantages fiscaux aux plus riches. On est toujours en démocratie ? Nabot est toujours le président de tous les Français ? Non parce que quand vient l’heure des manifs, il se tire juste avec les patrons en Chine et laisse ses sinistres régler la chose. Ah il était là pour les pêcheurs (qui au passage, j’adore l’anecdote, l’attendaient avec une banderole "Qu’est-ce que t’y connais au problème des pêcheurs, t’as même pas su garder ta morue !") mais dès qu’on s’attaque à une masse beaucoup plus coriace et nombreuse, y’a plus que Trou-Fillon !
Je note aussi que les gens qui râlent le plus des problèmes de transports sont très souvent ceux qui bossent dans le privé, qui croient l’image véhiculée des fonctionnaires-qu’ils-sont-des-boulets-pour-la-société-ces-grosses-feignasses, qui pensent que c’est super cool de conduire un train ou de bosser au rythme des enfants (sans prendre en compte le travail annexe, le fait de se lever à 3h du matin pour faire son Paris-Bordeaux de 7h, de ne pas dormir chez soi 3 nuits par semaines et d’être appelé les jours fériés pour la panne de secteur, le tout en se faisant traiter de bon-à-rien). Ce sont des gens la plupart du temps jaloux de la situation des fonctionnaires, qui ne mesurent pas la difficultés de leur travail, qui ne voient que les avantages qu’ils n’ont pas. Ce sont des gens qui n’ont la plupart du temps jamais mis les pieds dans une manif, qui ne font rien quand le gouvernement prend des décisions qui leur enlève le peu d’avantages qu’ils ont, qui ne bougent pas un orteil pour améliorer leur situation. Et bien qui se tait consent ! Et si les cheminots ne consentent pas, c’est tout à leur honneur.
Par ailleurs, ceux qui sont contre la grève disent souvent « ouais mais d’abord, y’a d’autres moyens de se faire entendre que de faire une grève non-surprise qui fait chier tout le monde » Franchement, citez-moi un seul moyen efficace de se faire entendre autre que celui-là. Un seul ! Il n’y en a pas, et c’est le droit de tout salarié de faire la grève. « Oui mais les gens du service public gnagnagna… » Non, y’a pas de "mais" qui tienne ! Les fonctionnaires sont des salariés comme les autres. La grève, c’est arrêter toute l’activité économique de l’entreprise pour faire chier le patron, qu’il perde de l’argent et entende vraiment les revendications (quand je dis "entendre" je parle d’une vraie écoute avec un vrai dialogue, pas un pauvre naze à une table qui négocie avec des boules quiès dans les oreilles !). La SNCF/RATP ont un moyen extraordinaire de pression grâce à la grève. Ca a le mérite d’arrêter temporairement la quasi-totalité de l’économie française, de foutre vraiment dans la merde son patron : l’Etat. Dommage que les usagers en pâtissent, mais les vendeurs d’électroménager et de lingerie pâtissent aussi des grèves des usines dans ces domaines et personne ne les plaint. Une grève ne fait jamais plaisir à personne mais c’est efficace. Soyons honnêtes, faire grève quand on est cheminot, c’est montrer un mécontentement des salariés et créer de surcroît la colère des usagers devant un Etat complètement sourd voire absent ! C’est tout bénéf’ et ils ont raison de le faire, même si ça fait suer certains. Moi je fonctionne sur le principe suivant (que pas mal de monde utilise je pense) : Quand on te donne, tu prends ; quand on te prend, tu cris !
Aspirante fonctionnaire, fille de fonctionnaire, j’en entends de belles depuis des années sur cette catégorie de travailleurs. « Ils ne foutent rien. EDF=enfant de feignants. A la poste, ils terminent à 18h, à 15h ils sont chez eux. Les profs ne travaillent que 10h par semaines, ce sont des bons à rien qui n’ont pas su faire autre chose de leur vie. A la RATP/SNCF, ils jouent au mikado, le premier qui bouge a perdu » Et j’en passe. Que de déconsidération pour ces gens qui éduquent vos enfants, vous relient à d’autres personnes, se décarcassent de jour comme de nuit pour que vous ayez du chauffage et de la lumière, se lèvent à point d’heure, travaillent nuit et jour, dimanche et jours fériés pour notre bien à tous. On donne une mauvaise image du service public, on l’insulte en continue depuis des années. Il n’a jamais rien dit. Et quand il est réellement bafoué par un gouvernement qui croit à ces idioties, il devrait encore fermer sa gueule ? On est encore en démocratie là ? Je crois que la plus belle remarque d’ignorance du genre que j’ai pu entendre c’est « Ouais de toute façon à l’EDF vous pouvez vous permettre de faire grève, vous êtes toujours payés » Alors là on atteint des summums de conneries. Parce que si on est toujours payés quand on fait la grève chez les fonctionnaires, pourquoi est-ce qu’ils se font chier à reprendre le boulot ces cons ?
2 commentaires:
merci merci merci.
j'ai commencé aussi à piquer une gueulante sur mon blog puis j'ai supprimé l'article parce que tant de bêtise humaine tend à me rendre agressive et agressive je ne veux pas être!
Tout à fait d'accord s/ le coup de 'prise d'otage' expression qui me ferait rire si elle ne me faisant pas tant grogner.
Allez parler aux "vrais" otages de votre malheureuse journée bloquée chez vous parce que les méchants de la RATP (et égoistes de surcroit!) n'ont pas voulu travailler!
Je rajoute juste que si ça créé tant de bordel que ça qd les cheminots sont en grève, c'est p ê parce qu'ils sont si importants que ça. Alors on peut être oublier son égoisme d'usager 2 secondes et se pencher sur la question des retraites avec respecte et HUMANISME (une notion qui semble faire de plus en plus défaut!). Comme c'est triste
Totalement d'accord, à ceci près:
(petite modif de ma part)
Et quand il est réellement bafoué par un gouvernement qui veut faire croire à ces idioties, il devrait encore fermer sa gueule ?
Parce que, il faut pas croire, mais l'Etat, il est loin d'être con! Il n'a (juste) pas les mêmes valeurs...
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