Alors là, gros coup de gueule. Oui farpaitement ! Comme tous les matin, je vais dans la salle de bain faire ma toilette, j’allume la radio et écoute les nouvelles du jour sur une onde sérieuse. J’arrive au moment où le présentateur propose la question du jour et écoute les avis des auditeurs. La question porte sur le divorce de Nabot. Et là, les auditeurs pro-nabot se déchaînent : « c’est scandaleux qu’on s’acharne sur ce pauvre petit N. et ses malheurs conjugaux dont on n’a rien à foutre » (note, si t’en as rien à foutre, pourquoi tu écoutes l’émission ?) ou encore « C’est terrible pour cette femme qui n’avait rien demandé et qui a tant fait pour la diplomatie française » (ah bon ? elles avaient la nationalité françaises les infirmières bulgares ?) et je vous gardais le meilleur pour la fin : « Non mais vous vous rendez compte monsieur P. qu’on ne s’en sort pas si mal : le scandale aurait pu être bien pire, vu que si Ségolène Royal avait été élue, elle se serait aussi séparée de son compagnon et elle n’était même pas mariée la pécheresse ! »
Je déteste me la péter avec mon mémoire mais là, connerie humaine oblige, je vais sortir ma science. J’ai travaillé pendant un an sur la vie privée d’un roi, Henri IV, à travers un florilège de lettres d’amour écrites à ses épouses et à ses maîtresses. Mon étude se rattache à plusieurs pans de l’histoire appelés histoire de la vie privée et histoire des femmes entre autres. J’ai donc longuement lu sur le sujet des chefs d’états et de leurs amours, au XVI°-XVII°s bien sûr, mais aussi jusqu’à nos jours afin de voir l’évolution de la place de la femme dans la vie des chefs d’état, qu’elles soient légitimes ou non. Et ce qu’il en sort de mes lectures, c’est qu’à partir du moment où l’on devient le plus haut personnage de France, de Navarre et de Ploubec-les-deux-menhirs, on n’a plus de vie privée. Le pouvoir est à ce prix. Admettez que la recrudescence des journaux dits « people » depuis quelques années n’est pas anodines : c’est que ça intéresse la vie privée des publics ! Ce phénomène n’est pas dû à l’augmentation des salons de coiffure bordel !
Alors dans cette mesure, il faut savoir jouer le jeu que vous avez voulu M. et future-ex Mme Nabot ! Votre vie privée représente le pays sur la scène internationale. Vous en êtes les seuls maîtres certes mais vous vous devez d’accepter qu’on la commente. Car les seules différences que je vois avec Henri IV, c’est que d’une : le chef de l’état français n’a plus le devoir d’être un étalon (oui, sous l’Ancien Régime, les rois se devaient de copuler beaucoup et pas que dans le cadre conjugal, c’était un signe de bonne santé du pays) ; et de deux : il n’est plus question de raison d’état pour les amours du roi/président.
Ce qu’il faut savoir quoi qu’il en soit, c’est que les hommes d’état n’ont jamais eu de véritable vie privée (notion d’ailleurs très neuve historiquement). Les rois faisaient des galipettes en public pour prouver la validité de leur mariage, toute la cour avait le devoir d’assister aux couches de la reine pour prouver que le nouveau-né sortait bien du minou de cette dernière, et même leurs lettres d’amour étaient lues par plusieurs personnes autres que l’intéressée. C’est pour cette raison que les hommes d’état, de François Ier à Napoléon, en passant par Louis XIV, Henri IV n’avaient pas tant de mots de tendresse que cela dans leurs missives.
Alors oui, la vie privée du président intéresse les Français pour la simple et excellente raison que sa vie perd son caractère privé au moment même où il est élu. Cette affaire nous touche tous, parce qu’elle touche à l’image de notre pays, parce qu’elle montre que l’image que Nabot s’est forgée est très loin de la réalité. Elle n’est qu’un leurre sa figure de père de famille recomposée idéale aux enfants blonds L’Oréal, avec son épouse belle, jeune, dynamique et impliquée dans la vie politique de son mari. Et puis ça l’arrange bien qu’on en parle finalement, d'autres avant Nabot avaient réussi à préserver mieux que lui leur intimité précaire (Mitterrand par exemple). Et puis cela permet de mettre au second plan des journaux les grèves d’hier et d’aujourd’hui, ça évince le fait que Xavier Bertrand et Valérie Pécresse ont réussi le coup de force de faire baisser les salaires des stagiaires en entreprise, bien en dessous de leur minimum avant la négociation avec les partenaires sociaux : 95€/mois (c'est le salaire, pas l'augmentation ou la baisse de celui-ci), quel progrès pour la précarité des jeunes !
Bref, tout cela pour dire que y’en a marre d’entendre les gens commenter l’affaire en disant qu’ils n’en ont rien à foutre, mais commenter quand même !!!
Je déteste me la péter avec mon mémoire mais là, connerie humaine oblige, je vais sortir ma science. J’ai travaillé pendant un an sur la vie privée d’un roi, Henri IV, à travers un florilège de lettres d’amour écrites à ses épouses et à ses maîtresses. Mon étude se rattache à plusieurs pans de l’histoire appelés histoire de la vie privée et histoire des femmes entre autres. J’ai donc longuement lu sur le sujet des chefs d’états et de leurs amours, au XVI°-XVII°s bien sûr, mais aussi jusqu’à nos jours afin de voir l’évolution de la place de la femme dans la vie des chefs d’état, qu’elles soient légitimes ou non. Et ce qu’il en sort de mes lectures, c’est qu’à partir du moment où l’on devient le plus haut personnage de France, de Navarre et de Ploubec-les-deux-menhirs, on n’a plus de vie privée. Le pouvoir est à ce prix. Admettez que la recrudescence des journaux dits « people » depuis quelques années n’est pas anodines : c’est que ça intéresse la vie privée des publics ! Ce phénomène n’est pas dû à l’augmentation des salons de coiffure bordel !
Alors dans cette mesure, il faut savoir jouer le jeu que vous avez voulu M. et future-ex Mme Nabot ! Votre vie privée représente le pays sur la scène internationale. Vous en êtes les seuls maîtres certes mais vous vous devez d’accepter qu’on la commente. Car les seules différences que je vois avec Henri IV, c’est que d’une : le chef de l’état français n’a plus le devoir d’être un étalon (oui, sous l’Ancien Régime, les rois se devaient de copuler beaucoup et pas que dans le cadre conjugal, c’était un signe de bonne santé du pays) ; et de deux : il n’est plus question de raison d’état pour les amours du roi/président.
Ce qu’il faut savoir quoi qu’il en soit, c’est que les hommes d’état n’ont jamais eu de véritable vie privée (notion d’ailleurs très neuve historiquement). Les rois faisaient des galipettes en public pour prouver la validité de leur mariage, toute la cour avait le devoir d’assister aux couches de la reine pour prouver que le nouveau-né sortait bien du minou de cette dernière, et même leurs lettres d’amour étaient lues par plusieurs personnes autres que l’intéressée. C’est pour cette raison que les hommes d’état, de François Ier à Napoléon, en passant par Louis XIV, Henri IV n’avaient pas tant de mots de tendresse que cela dans leurs missives.
Alors oui, la vie privée du président intéresse les Français pour la simple et excellente raison que sa vie perd son caractère privé au moment même où il est élu. Cette affaire nous touche tous, parce qu’elle touche à l’image de notre pays, parce qu’elle montre que l’image que Nabot s’est forgée est très loin de la réalité. Elle n’est qu’un leurre sa figure de père de famille recomposée idéale aux enfants blonds L’Oréal, avec son épouse belle, jeune, dynamique et impliquée dans la vie politique de son mari. Et puis ça l’arrange bien qu’on en parle finalement, d'autres avant Nabot avaient réussi à préserver mieux que lui leur intimité précaire (Mitterrand par exemple). Et puis cela permet de mettre au second plan des journaux les grèves d’hier et d’aujourd’hui, ça évince le fait que Xavier Bertrand et Valérie Pécresse ont réussi le coup de force de faire baisser les salaires des stagiaires en entreprise, bien en dessous de leur minimum avant la négociation avec les partenaires sociaux : 95€/mois (c'est le salaire, pas l'augmentation ou la baisse de celui-ci), quel progrès pour la précarité des jeunes !
Bref, tout cela pour dire que y’en a marre d’entendre les gens commenter l’affaire en disant qu’ils n’en ont rien à foutre, mais commenter quand même !!!
3 commentaires:
Rien à voir avec le thème principal du billet, je ne m'intéresse pas plus (voire moins) à la vie privée du Nabot que 92% de la population (selon le journal de ce soir).
Par contre ce qui m'embête c'est le salaire minimum des stagiaires en entreprise. Depuis quand y avait-il un minimum légal ? Je n'ai pas touché un rond lors de mon stage de DUT, pas même la cantine ni la carte orange.
Alors que le "nouveau" minimum ne soit que de 95€, je suis d'accord que c'est encore de l'exploitation, mais c'est toujours mieux que rien.
ouais c'est du foutage de gueule ce salaire minimum!!!! deja parce que faudra me dire combien de stagiaires ont jamais été payés et surtout de les sous payer de cette manière c'est plus que honteux. Et apres on s'etonne du taux de chomage?? Mais un mec qui a travaillé 9 mois d'affilé et qui est au chomage a pas envie de bosser de nouveau ou de faire des stages puisqu'il sera bien moins payé!!
C'est parce que ton stage était dans le cadre d'une formation non rémunérée que tu n'as rien touché. Il y a deux sortes de stagiaires. Tu n'as donc pas du tout été arnaqué, pas la peine de crier à l'injustice et d'aller aux pruhommes, tu te casserais les dents Fufu ^^
Par contre, c'est vrai que perdre des négociations pour les stages rémunérés de cette façon c'est scandaleux.
Note : super contente, ce matin un journaliste à la radio a fait très exactement les mêmes remarques que moi dans ce post au détail près qu'il a pris Louis XV comme exemple. Il est passé par là? *joie & fierté* Je ne dis pas des choses imbéciles :)
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