Plus j’apprends et moins je sais. Je sais c’est pas très logique comme phrase. C’est même pas normal du tout de dire ça. Et ça l’est encore moins que ça se vérifie dans la réalité.
La mémoire, c’est un peu comme la loi de l’emmerdement maximum, celle qui dit que la tartine va tomber du côté qu’on vient de beurrer, que la caisse de supermarché qu’on a choisi est systématiquement la plus lente et que celle que l’on vient de quitter avance dix fois plus vite maintenant qu’on n’y est plus. Plus j’apprends et plus le monde s’empresse de me prouver que ce que je viens d’apprendre est faux, opselet ou ne sert à rien. C’est frustrant. Si, si, j’vous jure. Quand un truc vient contredire vos certitudes, vous avez d’un coup très envie de lui apprendre à voler. Pour le coup ça lui servira pas à grand-chose non plus mais ça aura le mérite de vous défouler.
C’est un de mes professeurs qui dit ça « Plus j’apprends et moins je sais ». Bien sûr de l’entendre dire ça, lui le grand professeur émérite, lauréat du grand prix d’histoire de l’Académie Française pour l’ensemble de son œuvre, ça prête à ricaner dans son cahier dans l’amphithéâtre. Mais de se rendre compte que c’est aussi vérifiable pour soi, c’est flippant.
Par cette phrase, il entend que notre science commune est perpétuellement inexacte. Que les chercheurs de toutes les branches qui s’acharnent à décortiquer les bouts de murs, les poubelles celtiques, les manuscrits à demi effacés, tous ces mecs-là sont en train de se tuer au travail pour rien. Car l’Histoire est une grande incertitude. A moins d’un jour arriver à créer réellement le fantasme de fiction qu’est la machine à remonter dans le temps, nous ne pouvons faire que des hypothèses à partir de nos sources, qu’elles soient écrites ou archéologique.
Avec un délice perceptible, ce monsieur nous explique que nous disons des choses aujourd’hui géniales mais qui dans dix, vingt, cinquante ans seront considérées comme parfaitement imparfaites incomplètes, tombées en désuétude. La recherche n’avancera que pour nous contredire, montrer nos lacunes et dénoncer nos erreurs. Pour nous faire passer pour des blaireaux quoi ! Ca fait bien chier de se dire qu’un jour, un petit étudiant de rien du tout (qui deviendra peut-être grand, allez savoir ? Ce n’est pas la question) rira du résultat de notre sueur et de nos sacrifices. Qu’il essaye de critiquer mon mémoire ce gros naze que je lui botte les fesses, que je lui apprenne ce en quoi consiste le respect des aînés !
Pourquoi tant de mots pour une simple phrase répétée en cours tous les ans par un professeur certes grand mais trop imbu de sa personne, me direz-vous ? Et bien parce que je viens de lire un article sur le net où des chercheurs affirment que Jeanne d’Arc n’est pas ce qu’elle est qu’on croit. Un nouveau livre vient de paraître où l’on dénonce l’arnaque Jeanne d’Arc. La demoiselle lorraine ne s’appellerait pas « d’Arc » puisqu’elle signait simplement de son prénom. Bizarre d’ailleurs qu’une simple bergère du quinzième siècle sache écrire et parle, selon les textes contemporains, le français de la cour et maîtrise l’équitation parfois mieux que ses collègues hommes des armées. La pucelle ne serait que l’invention d’une reine afin de motiver les troupes à bouter l’ennemi anglais hors de France. Une arme psychologique en somme. Pire encore, on met en doute qu’elle ait péri dans les flammes d’un bûcher de Rouen puisqu’on affirme l’avoir vue en 1436 dans différents lieux, voire même qu’elle aurait épouser le seigneur des Armoises (une bergère qui épouse un noble, ça n’existe que dans les contes pour les historiens, désolée de fracasser vos belles illusions mesdemoiselles) cette même année. Que d’argument pour nous démontrer que la pucelle d’Orléans n’est qu’un mythe repris par l’école de 1870 afin d’inciter les enfants d’alors à bouter les Allemands hors de l’Alsace-Lorraine. (Marcel Gay et Roger Senzig, "L'affaire Jeanne d'Arc", Editions Florent Massot, 2007)
Comme quoi rien n’est jamais sûr en Histoire. Certains faits moins éloignés dans le temps restent des énigmes pour nous autres historiens. Qu’est allé faire De Gaulle à Baden Baden par exemple le 29 mai 1968 ? Qu’est-il arrivé réellement à Lady Diana sous ce fatal pont de l’Alma ?
Bref, rien n’est moins sûr que la matière que j’ai choisi d’étudier et d’enseigner et ça fout la gerbe quand même de se dire qu’on bosse pour que d’ale (même si d’un autre côté c’est aussi jubilatoire de se dire qu’on est payé à rien foutre :p ) et qu’on n’apprend que des conneries à vos gamins !
J’ai encore une question qui me turlupine : si c’est pas la Jeanne qu’est mourrue sur le bûcher de Rouen, c’est qui qu’est mort ?!
La mémoire, c’est un peu comme la loi de l’emmerdement maximum, celle qui dit que la tartine va tomber du côté qu’on vient de beurrer, que la caisse de supermarché qu’on a choisi est systématiquement la plus lente et que celle que l’on vient de quitter avance dix fois plus vite maintenant qu’on n’y est plus. Plus j’apprends et plus le monde s’empresse de me prouver que ce que je viens d’apprendre est faux, opselet ou ne sert à rien. C’est frustrant. Si, si, j’vous jure. Quand un truc vient contredire vos certitudes, vous avez d’un coup très envie de lui apprendre à voler. Pour le coup ça lui servira pas à grand-chose non plus mais ça aura le mérite de vous défouler.
C’est un de mes professeurs qui dit ça « Plus j’apprends et moins je sais ». Bien sûr de l’entendre dire ça, lui le grand professeur émérite, lauréat du grand prix d’histoire de l’Académie Française pour l’ensemble de son œuvre, ça prête à ricaner dans son cahier dans l’amphithéâtre. Mais de se rendre compte que c’est aussi vérifiable pour soi, c’est flippant.
Par cette phrase, il entend que notre science commune est perpétuellement inexacte. Que les chercheurs de toutes les branches qui s’acharnent à décortiquer les bouts de murs, les poubelles celtiques, les manuscrits à demi effacés, tous ces mecs-là sont en train de se tuer au travail pour rien. Car l’Histoire est une grande incertitude. A moins d’un jour arriver à créer réellement le fantasme de fiction qu’est la machine à remonter dans le temps, nous ne pouvons faire que des hypothèses à partir de nos sources, qu’elles soient écrites ou archéologique.
Avec un délice perceptible, ce monsieur nous explique que nous disons des choses aujourd’hui géniales mais qui dans dix, vingt, cinquante ans seront considérées comme parfaitement imparfaites incomplètes, tombées en désuétude. La recherche n’avancera que pour nous contredire, montrer nos lacunes et dénoncer nos erreurs. Pour nous faire passer pour des blaireaux quoi ! Ca fait bien chier de se dire qu’un jour, un petit étudiant de rien du tout (qui deviendra peut-être grand, allez savoir ? Ce n’est pas la question) rira du résultat de notre sueur et de nos sacrifices. Qu’il essaye de critiquer mon mémoire ce gros naze que je lui botte les fesses, que je lui apprenne ce en quoi consiste le respect des aînés !
Pourquoi tant de mots pour une simple phrase répétée en cours tous les ans par un professeur certes grand mais trop imbu de sa personne, me direz-vous ? Et bien parce que je viens de lire un article sur le net où des chercheurs affirment que Jeanne d’Arc n’est pas ce qu’elle est qu’on croit. Un nouveau livre vient de paraître où l’on dénonce l’arnaque Jeanne d’Arc. La demoiselle lorraine ne s’appellerait pas « d’Arc » puisqu’elle signait simplement de son prénom. Bizarre d’ailleurs qu’une simple bergère du quinzième siècle sache écrire et parle, selon les textes contemporains, le français de la cour et maîtrise l’équitation parfois mieux que ses collègues hommes des armées. La pucelle ne serait que l’invention d’une reine afin de motiver les troupes à bouter l’ennemi anglais hors de France. Une arme psychologique en somme. Pire encore, on met en doute qu’elle ait péri dans les flammes d’un bûcher de Rouen puisqu’on affirme l’avoir vue en 1436 dans différents lieux, voire même qu’elle aurait épouser le seigneur des Armoises (une bergère qui épouse un noble, ça n’existe que dans les contes pour les historiens, désolée de fracasser vos belles illusions mesdemoiselles) cette même année. Que d’argument pour nous démontrer que la pucelle d’Orléans n’est qu’un mythe repris par l’école de 1870 afin d’inciter les enfants d’alors à bouter les Allemands hors de l’Alsace-Lorraine. (Marcel Gay et Roger Senzig, "L'affaire Jeanne d'Arc", Editions Florent Massot, 2007)
Comme quoi rien n’est jamais sûr en Histoire. Certains faits moins éloignés dans le temps restent des énigmes pour nous autres historiens. Qu’est allé faire De Gaulle à Baden Baden par exemple le 29 mai 1968 ? Qu’est-il arrivé réellement à Lady Diana sous ce fatal pont de l’Alma ?
Bref, rien n’est moins sûr que la matière que j’ai choisi d’étudier et d’enseigner et ça fout la gerbe quand même de se dire qu’on bosse pour que d’ale (même si d’un autre côté c’est aussi jubilatoire de se dire qu’on est payé à rien foutre :p ) et qu’on n’apprend que des conneries à vos gamins !
J’ai encore une question qui me turlupine : si c’est pas la Jeanne qu’est mourrue sur le bûcher de Rouen, c’est qui qu’est mort ?!
5 commentaires:
ah ouais je me le demande bien aussi tiens!!
Au fait, ton mémoire sert ma belle, j'ai gagné une question au Trivial Pursuit sur Henri 4 graçe à lui, fallait trouver son surnom ;)
Et sinon je te comprends relativement bien, parce que la Linguistique c'est un peu la même chose, c'est basée sur des hypothèses invérifiables sans une machine à remonter le temps et d'ailleurs y'a des courants contradictoires..!
Euh désolée, mais justement en parlant d'incertitude, te lire m'a fichu le doute, mais j'ai vérifié dans le dico, et on écrit "obsolète" au lieu de "opselet" (qui n'existe pas) et "que dalle" (comme une dalle, un pavé)...
J'ai vu sur google, que tu n'es pas la seule à écrire "opselet", et je me dis que les gens doivent l'écrire comme ils l'entendent...
Exemple d'hypothèse d'évolution de la langue
(phonétique historique pour reprendre Caroline sur les hypothèses invérifiables) ;-)
oups grillée !
Me voilà prise en flag de grosse flemmardise. En fait j'ai écris le texte dans le flot d'inspiration sans me préoccuper de l'orthographe, comme d'hab'. J'ai bien vu que ce n'était pas cette orthographe-là mais j'avoue avoir eu la flegme d'aller chercher dans le dico l'orthographe exacte(qui est pourtant a un mètre derrière moi, mais la feignantise n'a aucune limite) ^^
la fleMME pas flegme le flegme c'est encore autre chose, je ne cesse de te le répéter mdr (pour les autres fautes je t'ai pas repris me disant que tu n'avais pas du faire attention et pis c'est tout mais opsolète et dalle m'ont bien sauté aux yeux aussi :p ) et fénéantise pas de g me semble t il :D
Tout bon Kro, mais pitié, pas opsolète, mais oBsolète (siouplééé...)
Je sais, je fais ma chieuse! Faut bien que j'étale ma science là où je peux... hihi!
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