Voilà, ça y est. Je l’ai. Je le tiens dans mes mains. Je peux le toucher, le caresser, respirer son odeur de papier neuf et d’encre de presse. J’ai enfin dans mes mains un exemplaire de mon premier roman.
C’est comme un bébé. Un enfant que j’ai couvé pendant bien plus de neuf mois. Un petit bout de ma personne, de mes rêves, de mes envies, de ma vie. Ca fait drôle de voir mon nom sur la couverture, même si ce n’est qu’une édition privée et commandable uniquement par Internet. Je réalise que je n’ai pas besoin de le voir dans les rayons d’une grande surface vendant livres, cd, DVD et outils de haute technologie. Je n’ai pas besoin de le sentir perdu dans un amas d’ouvrage écrits par les grands noms de la littérature française et étrangère. Vous imaginez ? Mon nom coincé entre Balzac et Maupassant ? Juste après Beaumarchais et Beigbeder mais bien avant Molière, Shakespeare et Weisberger ? Non, le voir sur mon bureau, tout à côté de mon tapis de mulot me suffit. Sentir que j’en ai fait le tour, que j’en suis venue à bout. Enfin !
Je me revois prendre mon crayon à papier une nuit de printemps et tracer les premiers mots de ce chantier gigantesque qui trottait dans ma tête jusqu’à l’obstination. J’avais envie de combler un bout de solitude. J’avais envie d’occuper mes mains autrement que par le dessin. J’avais envie de vider toutes les images que j’avais accumulées à force de téléfilms, films et autres romans sur la Seconde Guerre Mondiale. J’avais aussi envie d’écrire sur ma famille. Et sans blesser la mémoire du drame ni bafouer les miens, je crois que je suis parvenue à raconter quelques scènes qui valent la peine.
Je ne veux pas m’avancer sur la qualité de ce roman ni du point de vue historique ni du point de vue littéraire. Je sais que je n’ai pas le talent d’Hugo ou la rigueur de Zola. Mais j’ai posé le point final de mon histoire, 232 pages, trois ans et quelques cartouches d’encre après la première feuille. Une feuille d’écolière. Une feuille de lycéenne, noircie au carbone puis recopiée au propre et à l’encre d’un stylo plume à pointe très fine, comme je les aime. J’en ai gribouillé un paquet comme ça, dans le noir de ma chambre, dans ma solitude, dans la bulle où j’avais décidé d’hiberner presque toutes les nuits pendant trois ans.
Personne ne l’a su. Il a fallut que j’enferme l’ultime feuille dans le classeur caché dans le fouillis de ma bibliothèque pour que je confie à quelqu’un ce à quoi j’adonnais mes nuits et mes après-midi de liberté. J’avais, jusqu’à ce moment que j’ai choisi après de longues hésitations, dissimulé toutes les preuves du crime dans les recoins de ma chambre. Le classeur dans la bibliothèque, les brouillons déchirés en douze dans la poubelle et même le stylo, le pire des coupables finalement. Il n’a servi qu’à ça. Ecrire les 232 pages d’une histoire que je déteste relire.
J’ai finalement confié mon bébé à une amie qui m’a lue, sans rires et sans commentaires. Elle s’est contentée de m’encourager. Puis ma mère l’a lu. La pire des critiques parce que je sais qu’elle ne mâche jamais ses mots. Son avis était une belle surprise. Et puis ma grand-mère a été mise dans la confidence. Ce qu’elle en penserait était le plus important finalement, parce qu’elle a vécu cette période, parce qu’elle avait à peu près l’âge de l’héroïne au moment des faits. "C’était vraiment ça, m’a-t-elle dit, on dirait que tu l’as vécu toi aussi." Je n’osais pas imaginer de plus beau compliment.
J’aime ce roman, je l’aime trop en fait. Et comme pour un enfant que j’aurai mis au monde, je ne veux que son bonheur. Alors si je l’ouvre encore, je corrige un mot, une phrase, j’en ajoute une autre, puis un chapitre (écrit au bic rouge parce que je n’ai plus d’encre turquoise pour ma plume). Tout ça pour que personne ne se moque de lui. Et puis un jour, j’ai décidé que non, je ne pouvais pas être une mère aussi abusive. Qu’il fallait que je le laisse voler de ses propres ailes, même avec cette peur qu’il tombe dans le vide qui me ronge le ventre. J’ai tellement souffert à l’écrire. Pleurer même parfois tant coucher les mots dans le bon sens en devenait douloureux. Je me souviens avoir retravaillé des heures durant le quatrième de couverture, ce résumé qui va porter le lecteur vers mes personnages. Aujourd’hui je le déteste autant que le reste. A bien y réfléchir, il ne résume pas le livre comme il le devrait. Il ne donne peut-être pas assez envie d’aller plus loin dans la découverte de l’univers que j’ai créé. Peut-être parce que j’ai posé le premier mot à 17 ans et que j’en ai 23 maintenant. Mais voilà, il est à l’impression. Il est là, sur le papier cartonné et glacé. Avec tout en bas la référence de ce tableau d’Utrillo tombé comme une évidence pour la couverture.
J’ai écris un livre. Je le tiens dans mes mains. J’ai envie d’en écrire d’autres, même si le temps me manque cruellement aujourd’hui et que ça aussi, ça me ronge le ventre. Je me rends compte que je me fous des moqueries des autres. D’autres que les trois personnes que j’ai cité ont lu ce roman. Certains ont aimé mon histoire. D’autres ne l’aimeront pas du tout. Peu importe. Moi, je l’ai écrit.
C’est comme un bébé. Un enfant que j’ai couvé pendant bien plus de neuf mois. Un petit bout de ma personne, de mes rêves, de mes envies, de ma vie. Ca fait drôle de voir mon nom sur la couverture, même si ce n’est qu’une édition privée et commandable uniquement par Internet. Je réalise que je n’ai pas besoin de le voir dans les rayons d’une grande surface vendant livres, cd, DVD et outils de haute technologie. Je n’ai pas besoin de le sentir perdu dans un amas d’ouvrage écrits par les grands noms de la littérature française et étrangère. Vous imaginez ? Mon nom coincé entre Balzac et Maupassant ? Juste après Beaumarchais et Beigbeder mais bien avant Molière, Shakespeare et Weisberger ? Non, le voir sur mon bureau, tout à côté de mon tapis de mulot me suffit. Sentir que j’en ai fait le tour, que j’en suis venue à bout. Enfin !
Je me revois prendre mon crayon à papier une nuit de printemps et tracer les premiers mots de ce chantier gigantesque qui trottait dans ma tête jusqu’à l’obstination. J’avais envie de combler un bout de solitude. J’avais envie d’occuper mes mains autrement que par le dessin. J’avais envie de vider toutes les images que j’avais accumulées à force de téléfilms, films et autres romans sur la Seconde Guerre Mondiale. J’avais aussi envie d’écrire sur ma famille. Et sans blesser la mémoire du drame ni bafouer les miens, je crois que je suis parvenue à raconter quelques scènes qui valent la peine.
Je ne veux pas m’avancer sur la qualité de ce roman ni du point de vue historique ni du point de vue littéraire. Je sais que je n’ai pas le talent d’Hugo ou la rigueur de Zola. Mais j’ai posé le point final de mon histoire, 232 pages, trois ans et quelques cartouches d’encre après la première feuille. Une feuille d’écolière. Une feuille de lycéenne, noircie au carbone puis recopiée au propre et à l’encre d’un stylo plume à pointe très fine, comme je les aime. J’en ai gribouillé un paquet comme ça, dans le noir de ma chambre, dans ma solitude, dans la bulle où j’avais décidé d’hiberner presque toutes les nuits pendant trois ans.
Personne ne l’a su. Il a fallut que j’enferme l’ultime feuille dans le classeur caché dans le fouillis de ma bibliothèque pour que je confie à quelqu’un ce à quoi j’adonnais mes nuits et mes après-midi de liberté. J’avais, jusqu’à ce moment que j’ai choisi après de longues hésitations, dissimulé toutes les preuves du crime dans les recoins de ma chambre. Le classeur dans la bibliothèque, les brouillons déchirés en douze dans la poubelle et même le stylo, le pire des coupables finalement. Il n’a servi qu’à ça. Ecrire les 232 pages d’une histoire que je déteste relire.
J’ai finalement confié mon bébé à une amie qui m’a lue, sans rires et sans commentaires. Elle s’est contentée de m’encourager. Puis ma mère l’a lu. La pire des critiques parce que je sais qu’elle ne mâche jamais ses mots. Son avis était une belle surprise. Et puis ma grand-mère a été mise dans la confidence. Ce qu’elle en penserait était le plus important finalement, parce qu’elle a vécu cette période, parce qu’elle avait à peu près l’âge de l’héroïne au moment des faits. "C’était vraiment ça, m’a-t-elle dit, on dirait que tu l’as vécu toi aussi." Je n’osais pas imaginer de plus beau compliment.
J’aime ce roman, je l’aime trop en fait. Et comme pour un enfant que j’aurai mis au monde, je ne veux que son bonheur. Alors si je l’ouvre encore, je corrige un mot, une phrase, j’en ajoute une autre, puis un chapitre (écrit au bic rouge parce que je n’ai plus d’encre turquoise pour ma plume). Tout ça pour que personne ne se moque de lui. Et puis un jour, j’ai décidé que non, je ne pouvais pas être une mère aussi abusive. Qu’il fallait que je le laisse voler de ses propres ailes, même avec cette peur qu’il tombe dans le vide qui me ronge le ventre. J’ai tellement souffert à l’écrire. Pleurer même parfois tant coucher les mots dans le bon sens en devenait douloureux. Je me souviens avoir retravaillé des heures durant le quatrième de couverture, ce résumé qui va porter le lecteur vers mes personnages. Aujourd’hui je le déteste autant que le reste. A bien y réfléchir, il ne résume pas le livre comme il le devrait. Il ne donne peut-être pas assez envie d’aller plus loin dans la découverte de l’univers que j’ai créé. Peut-être parce que j’ai posé le premier mot à 17 ans et que j’en ai 23 maintenant. Mais voilà, il est à l’impression. Il est là, sur le papier cartonné et glacé. Avec tout en bas la référence de ce tableau d’Utrillo tombé comme une évidence pour la couverture.
J’ai écris un livre. Je le tiens dans mes mains. J’ai envie d’en écrire d’autres, même si le temps me manque cruellement aujourd’hui et que ça aussi, ça me ronge le ventre. Je me rends compte que je me fous des moqueries des autres. D’autres que les trois personnes que j’ai cité ont lu ce roman. Certains ont aimé mon histoire. D’autres ne l’aimeront pas du tout. Peu importe. Moi, je l’ai écrit.
http://www.lulu.com/fr - L'Entre-deux -
8 commentaires:
avec un bel article comme celui-ci, tu ne peux que donner envie de lire ton livre!
je suis allé voir le lien que tu donnes, et promis, dès que j'ai du temps, je me plongerai dedans avec plaisir et sans aucun doute d'y prendre plaisir! (si ça peut attendre la fin de l'année, car j'ai d'autres priorités littéraires à l'heure actuelle, mais je m'y engage!)
ça se lit tres tres tres bien :)
Je m'en vais le commander dès que j'ai ma paye et je sens que je vais prendre du plaisir à retrouver Alice, Paul et toute la famille ^^
Au fait, tu fais référence à qui pour l'amie? (pas que je sous entende que ce soit moi mais c'est de la pure curiosité lol)
Aline, si j'ai bien lu le résumé...
Tout cela m'a l'air fort intéressant...
Faut que je m'y penche un de ces jours!
crotte! c'est Aline pas Alice!! ça fait genre j'ai pas lu de se foirer :( mdr
arf Clo je suis morte de rire. Je sais bien que tu l'as lu ce manuscrit vu que tu y a laissé tes correction de linguiste ! Pour ce qui est de l'amie citée, ce n'est pas toi désolée. Tu n'as pas été ma première lectrice mais ça ne fais pas de toi une amie moins chère à mon coeur ^^
Je ne savais pas que tu écrivais =) Ton article et la quatrième de couverture m'ont donné envie de le lire! =) Peut-être pas tout de suite mais cet été sur la plage. Le résumé me fait penser aux livres de Mireille Calmel et je suppose qu'il sera aussi bien écrit que ses romans =)
Bravo en tout cas!
moi aussi je t'aime ma Ziboux ;)
@Brume > Ziboux est une fan de Mireille, c'est d'ailleurs elle qui me l'a fait découvrir (suis en plein dans Lady Pirat au fait!) donc la comparaison est à mes yeux fort plaisante ^^
Effectivement Clo, Mireille Calmel est une très grande écrivain. Je suis d'ailleurs en train de dévorer son dernier roman "la rivière des âmes" ^^
Cependant, je n'avais pas encore lu ses romans au moment des faits. Donc dire que je m'en suis inspirée ou que mon écriture s'en approche est peut-être un peu exagéré ou en tout cas est totalement indépendant de ma volonté. A l'époque, mes références s'appelaient Régine Desforges et Jacqueline Cauet.
En tout cas merci à toutes de créer un tel parachute à mon ouvrage ^^
ps: raaaahh Lady Pirate c'est le meilleur !!!
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