Bon, j’espère que cette fois c’est la bonne. "Jamais deux sans trois" dit-on… Et si on se loupe la troisième fois, on dit quoi ? J’ai très envie d’y croire, j’ai bossé trop dur pour ne pas avoir ce que je mérite au bout. Mais c’est la loi des concours. Tu auras beau bosser de tout ton soûl, cela ne garantie en rien ton admissibilité et encore moins ton admission. Il est loin le temps des doux partiels où l’objectif était juste d’obtenir la moyenne pour être reçu. Là, pas de moyenne. Ou plutôt si, une moyenne mais basse, très basse. Un 10 est une excellente note au capes. C’est dur à comprendre pour certain mais c’est comme ça. Il y a même pire, un 6 en géographie et c’est presque le nirvana.
Cette année au capes, c’était pareil et pas pareil à la fois. Même centre d’examens, même types de surveillants. Toujours aussi aimables d’ailleurs. Ca doit être un critère de sélection je pense, au moins pour les chefs de salles. Parce que les autres dans le fond, on ne les entend pas vraiment. Ils surveillent la salle, donnent brouillons et copies supplémentaires sur demande avec un sourire parfois optionnel mais pas plus. Par contre, le chef, il beugle comme un SS et menace systématiquement celui qui n’obéit pas de noter son nom sur le procès verbal de l’examen. En gros, ça veut dire recaler le candidat. Cette année donc, un nouveau SS en veste vert olive en velours hideux, une nouvelle place dans une nouvelle salle mais toujours des tables aussi petites.
Je ne sais pas pourquoi ils s’obstinent à nous donner des copies aussi grandes alors que les bureaux sont si petits. Individuels, ils sont sûrement très adaptés pour les matières littéraires où il ne suffit que de sa trousse et de ses méninges pour bosser sur le sujet. Mais nous, scientifiques, nous avons besoin d’espace parce que la trousse n’est pas notre seul matériel. Non, pour bien faire, il faut en plus une trousse de crayons de couleurs (pas la boite de 12, le camaïeu n’y est pas assez développé, il faut au moins 4 types de bleus et de verts) à laquelle vous devez ajouter la trousse de feutres fins pour schémas et cartes de synthèse (obligatoire et valant ¼ de la note en géographie), plus le paquet de mouchoirs pour éponger les larmes quand le sujet est trop dur et pour estomper les coups de crayons histoire de rentre la carte plus jolie que celle des autres, plus le gabarit pour faire les triangles, ronds et autres carrés bien triangulaires, ronds et carrés et bien sûr, le compas pour les très grands ronds (plus de deux cm de diamètre). Et je ne parle même pas de la bouteille d’eau, des gâteaux de soutien moral et physique. Oui, parce que le gâteau, quand on réfléchis sur un sujet qui prends la tête, qu’on a mal à la main à force de gratter, qu’on n’a pas mangé depuis 6h du matin et qu’on sait qu’on ne va pas sortir de la salle avant 14h15, il est salvateur. De la torture je vous dis les concours ! La bouteille d’eau d’ailleurs pour moi, contenait du sirop. Faut pas être diabétique quand tu passes les concours !
Bref, tout ça sur leur petit bureau riquiqui, ça rentre pas. Alors moi, j’m’en fout. Marre de ramasser mes trousses qui tombent donc cette année, les gabarits et les victuailles se sont retrouvées directement à terre, près de ma chaise. En plus, ça évite de pleurer sur sa connerie quand on renverse sa bouteille mal fermée sur sa copie écrite à l’encre gel pourrie au bout de 4 heures d’examen sur 5. J’l’ai vu, j’vous assure que la nana, je l’ai plainte de toute mon âme.
Bref, je ne sais pas comment ça se passe pour les autres matières, mais chez nous on a une dissertation en histoire et une en géo. 5h pour exécuter le travail. Quatre matières en histoire (ancienne, médiévale, moderne et contemporaine) et trois en géo (France, question régionale et question thématique) à réviser. Une seule des 4 ou 3 matières tombent. Chacune a une question un peu précise parce que quand même, c’est vague sinon. Par exemple, la question de médiévale portait sur pouvoirs, Eglise et société entre 888 et 1110 dans les royaumes de France, de Bourgogne et de Germanie. D’aucun trouveraient ça facile, je les invite à venir passer le concours avec moi pour leur prouver le contraire ^^.
Et chez nous, le grand jeu avant les écrits c’est de tenter de trouver ce qui va tomber dans chacune des épreuves. La matière en particulier. Alors chacun y va de son petit pronostique, on fait des statistiques savantes pour voir quelles questions sont tombées, quand, à quelles intervalles etc. Et les profs aussi. Je crois que l’an dernier, personne n’est allé aux écrits sans savoir que la moderne tomberai. Mais cette année, que nenni. Pas de fuite. Alors les profs ont joué aux statistiques et ont recommandé de bien réviser dans l’ordre : contempo, médiévale, ancienne, moderne. Et en géo, les profs sont quand même moins cons, ils ne jouent pas à ça. Les élèves sont parfois cons aussi parce qu’ils écoutent les profs qui disent ça. Et preuve a été faite que c’est une très très mauvaise idée.
Cette année, on n’y a pas coupé, les profs ont conseillé, les élèves ont écouté. Moi, non. N’allant qu’en géo et qu’à un seul cours d’histoire, je n’ai rien entendu de cela et ai bossé les 7 matières à part égales. Le jour J, juste avant de monter dans les salles, j’ai demandé à mes collègues ce qu’ils pensaient voir tomber. Contemporaine à l’unanimité. Moi l’air de rien, j’ai fait remarqué que déjà l’an dernier, ils avaient mis un sujet très difficile pour évincer un maximum de monde et que si j’étais à la place du jury, je mettrai la matière qui embêterai le plus. Genre la moderne qui a une super mauvaise cote et que personne n’a révisé parce que c’est tombé l’année d’avant et que deux fois la même matière, vraiment ça ne s’était jamais vu.
Vous devinez la suite je le sais. Bien sûr la moderne est tombée deux fois de suite. Bien sûr les mouchoirs ont estompé bien des larmes de rage aux imbéciles qui avaient jugé inutile de la réviser. Bien sûr, JE l’avais révisé. Au bout de 2h30 d’examen (heure à laquelle on a le droit de quitter définitivement la salle) la moitié des candidats dans toutes les salles sont partis, rendant des copies blanches au presque. Le mouvement était tel qu’il a surpris les surveillants et à fait friser la syncope au SS en chef.
Moi, je suis restée 5h, j’ai fait 13 pages et je suis sortie plutôt contente. Le soir, j’ai bien rigolé en regardant les forums où les candidats dépités refusant d’admettre qu’ils s’étaient fait avoir au jeu de pronostiques crier à tue-tête que c’est le sujet de réserve qui est tombé. Mauvais joueurs !
Le lendemain pourtant, à l’épreuve de géographie, il y avait beaucoup de gens qui n’avaient quasiment rien rendu la veille mais qui sont revenus en espérant réaliser l’exploit en géo. Ou pour l’honneur, c’est selon. Et croyez moi, le mot « exploit » n’est pas de trop car comme 90% des candidats sont des historiens purs qui n’aiment pas la géographie et qui n’y comprennent rien, réussir à décrocher le 16 en géo est carrément du domaine du mythe. Le sujet tombe, classique : La Russie et ses façades littorales, géographie régionale. Là, je ne sais pas ce qui s’est passé, j’ai été touchée par la grâce probablement. J’ai vu en dix minutes ce qu’on attendait et en une heure, j’avais fait ma problématique, mon plan détaillé et la carte de synthèse, que la plupart des gens font en un quart d’heure à la fin. J’ai quand même fait 12 pages de dissertation, plus la carte et sa légende mais la quantité, on s’en fout, comptent uniquement la qualité, la méthode et la propreté du devoir.
Et maintenant ? J’attends les résultats pour fin mai. Et je continue à travailler. Parce que mine de rien, tous les professionnels ont l’air très contents de mon travail et son bien optimistes pour la suite. Moi je ne crois que ce que je vois et je suis assez autocritique pour savoir que mes copies sont loin d’être parfaites. Une chose est sûre, je vais travailler encore bien plus les oraux. On ne sait jamais. Vu les copies nullissimes en histoire et le peu de probabilité de réussite en géo, ma moyenne pourrait bien me placer dans les 1200 veinards qui iront aux oraux… Comme dirait tata : « on veurra »…